En Côte d’Ivoire, Amnesty international a appelé jeudi les autorités ivoiriennes à « arrêter de réprimer les manifestations » et à libérer les personnes interpellées, à moins de deux semaines de l’élection présidentielle du 25 octobre.
Le climat politique est tendu dans le pays: les candidatures de l’ancien président Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, leaders des deux principaux partis d’opposition, ont été rejetées par le Conseil constitutionnel et toute manifestation contestant les décisions de cet organe sont interdites.
« Les autorités doivent arrêter de réprimer les manifestations pacifiques à l’approche de l’élection présidentielle » et « protéger le droit de manifester », a déclaré Amnesty dans un communiqué.

Lundi et mardi, des mouvements de protestation – manifestations ou blocage de routes ou d’écoles – ont été observés dans quelques localités, notamment dans des zones où l’opposition était historiquement forte.
Un homme a été tué par balle par des « individus non identifiés » lundi à Bonoua (sud), selon la police.
Le Parti des peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), la formation de M. Gbagbo, a affirmé mercredi soir que ce décès était dû à un tir « des forces de l’ordre » et qu’un « bébé de moins de deux ans » était mort « étouffé par les gaz » d’une grenade lacrymogène, à Adzopé (sud).
Samedi, le Front commun, qui regroupe le PPA-CI et le parti de M. Thiam, avait appelé à une grande marche à Abidjan, une manifestation interdite par les autorités afin de « maintenir l’ordre public » et qui a été dispersée à coups de gaz lacrymogène.
Les manifestants contestaient également un possible quatrième mandat du président Alassane Ouattara.
Entre samedi et dimanche soir, 710 personnes ont été arrêtées, selon une source sécuritaire.
Samedi, le ministre de l’Intérieur Vagondo Diomandé avait affirmé que « ceux qui ont été pris dans le cadre d’une manifestation non autorisée répondront devant la loi ».
« Toute personne détenue pour le simple fait d’avoir exercé pacifiquement ses droits humains doit être libérée immédiatement », a déclaré Marceau Sivieude, directeur régional d’Amnesty pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, cité dans le communiqué.
« Toutes les personnes détenues doivent, dans tous les cas, pouvoir consulter rapidement un avocat et leur famille doit être informée dans les meilleurs délais », a-t-il ajouté, exhortant les autorités à « publier des informations sur les arrestations et les chefs d’accusation retenus ».
L’opposition a quant à elle appelé à une nouvelle marche nationale, dont la date n’a pas encore été communiquée. Laurent Gbagbo doit s’exprimer « dans les prochains jours ».
Avec AFP