L’Organisation interprofessionnelle agricole gros ruminants donc du bétail et la Fédération nationale de la confrérie des dozos ont scellé un accord ce mercredi 17 décembre 2025 à Abidjan en Côte d’Ivoire. Cette convention vise à combattre le vol de bétail qui frappe les éleveurs ivoiriens. La signature s’est déroulée au centre antirabique de Cocody, en présence de représentants des ministères de la Défense, de la Sécurité et de l’Agriculture.
Les chasseurs traditionnels dozos interviendront désormais dans la protection des troupeaux. Leur mission consistera à surveiller les zones d’élevage et à agir contre les actes de vol, en coordination avec les forces de sécurité. Sory Dosso, président de la FENACODOCI, affirme que « en unissant nos forces et en travaillant dans la légalité, nous pouvons mettre fin à ce phénomène qui pénalise aussi bien les éleveurs que les communautés rurales ».
Le partenariat prévoit plusieurs actions conjointes. La surveillance communautaire des zones d’élevage constituera le premier volet. Les dozos recevront une formation spécifique pour encadrer leurs opérations. La coopération avec les forces de sécurité sera renforcée, incluant une collaboration transfrontalière avec les pays voisins. Enfin, tout se fera dans le strict respect de l’autorité de l’État et des lois en vigueur, notamment la législation relative à la transhumance.

La région de Ferkessédougou concentre les préoccupations. En juin dernier, les éleveurs locaux alertaient sur l’ampleur du phénomène. Ouattara M., agriculteur-éleveur, évoquait environ deux mille têtes dérobées au premier trimestre 2025 dans les zones de Tièpké, Nambonkaha et Nambiriguékaha. Des chiffres rapportés par l’Agence ivoirienne de presse qui montrent l’ampleur du fléau.
Les réseaux criminels se structurent. Début décembre, la Brigade de recherche et d’intervention de Korhogo démantelait un gang actif dans plusieurs localités du nord. Les voleurs opèrent souvent en complicité avec des bouviers. Ils dissimulent les animaux dans des zones forestières comme le parc national de la Comoé avant de les écouler. Le transport transfrontalier vers le Ghana complique la traçabilité.
L’élevage représente 4,5 % du PIB agricole ivoirien et 2 % du PIB national. Chaque vol menace directement les moyens de subsistance des familles rurales. Bocoum Moussa, président de l’OPEF à Ferkessédougou, résumait ainsi la situation : « un seul bœuf volé équivaut à un pas de plus vers la pauvreté pour un éleveur ».
Les autorités reconnaissent la complexité du problème. Sawadogo Issiaka, président du Conseil d’administration de l’OIA-GRCI, annonce la tenue prochaine d’un séminaire de formation pour les acteurs impliqués. L’objectif demeure d’améliorer la prise en charge des cas de vol et d’éviter tout dérapage dans les interventions.
L’accord signé mercredi marque une nouvelle approche. Les dozos possèdent une connaissance intime du terrain et des populations. Leur implication apporte une dimension communautaire à la lutte contre les réseaux criminels. Reste à voir comment cette alliance entre éleveurs et chasseurs traditionnels modifiera la donne sur le terrain. Bref, l’efficacité du dispositif se mesurera dans les mois à venir, à l’aune de la diminution des vols signalés dans les régions du nord.