La Côte d’Ivoire vient d’enregistrer sa deuxième baisse de prix sur les carburants en quatre mois ; pourtant, dans les rues d’Abidjan, l’effet de cette mesure reste imperceptible pour de nombreux utilisateurs des transports publics. Ce qui est un paradoxe.
Il faut savoir que le ministère des Mines, du Pétrole et de l’Énergie a annoncé une diminution de 25 francs CFA par litre applicable du 1er au 30 septembre 2025. Ainsi, le prix du super sans plomb est passé de 855 à 830 francs CFA, tandis que le gasoil affiche désormais 675 francs CFA contre 700 francs précédemment. La baisse provient du mécanisme automatique de fixation des prix en fonction des cours internationaux du pétrole, selon les informations communiquées par le gouvernement ivoirien.
Une baisse des prix des carburants qui ne changent pas le quotidien de tous en Côte d’Ivoire
La politique tarifaire ne semble pas produire les résultats escomptés sur le terrain. Les usagers continuent de débourser les mêmes montants pour leurs déplacements quotidiens. « On continue de payer 700 à 800 et souvent 1.000 FCFA entre Abobo N’Dotré et le campus de Cocody pour un trajet qui coûtait 500 il y a quelques années », témoigne Mireille A., étudiante à l’université Félix Houphouët-Boigny, interrogée par le360 Afrique.
Les conducteurs de véhicules utilitaires affichent également leur scepticisme face à cette mesure. Kohi Josia, livreur dans la commune de Cocody, confie : « C’est une bonne chose, mais 25 ou 60 francs de moins, ça ne change pas grand-chose sur nos dépenses quotidiennes. Étant livreur, je n’en prends pas en grande quantité, donc au finish, je ne ressens vraiment pas cette baisse du prix ».
Du côté des transporteurs publics, les contraintes demeurent multiples. Diomandé Abou, conducteur de « gbaka » (minicar) reliant Yopougon à Bingerville, pointe du doigt d’autres facteurs : « Le problème ne réside pas seulement au niveau du coût du carburant. Les tracasseries routières, les dépenses liées dans les gares et d’autres taxes journalières pèsent toujours lourd ».
Cissé Vamara, également chauffeur, abonde dans le même sens : « La baisse est bienvenue, mais elle ne nous permet pas encore de réduire les tarifs du transport. Il faut plutôt lutter contre ces tracasseries si on veut que le transport diminue ».
Face aux inquiétudes exprimées par les usagers, les syndicats de transporteurs tentent de rassurer. Doumbia Sékou, responsable syndical, déclare : « C’est normal les passagers se plaignent. C’est normal qu’ils demandent la baisse du transport et même les autorités nous en demandent. Et maintenant que le prix du carburant a baissé, je rassure que d’ici les jours à venir le coût du transport pourra diminuer ».
L’analyse des données de GlobalPetrolPrices révèle que la Côte d’Ivoire a connu des variations significatives de ses prix pétroliers. Entre 2015 et 2025, le pays a enregistré un minimum de 570 francs CFA par litre en mars 2016 et un pic de 875 francs CFA en octobre 2023. Ce qui s’explique par la dépendance aux cours mondiaux du pétrole brut.
Selon l’agence Xinhua, les prix actuels contrastent avec ceux de 2022, où l’essence et le gasoil s’établissaient respectivement à 695 et 615 francs CFA. C’est clair : les pressions inflationnistes qui ont marqué le marché énergétique mondial ces dernières années sont passées par là. Toutefois, les analystes anticipent une stabilité relative jusqu’à la fin 2025, grâce aux tendances baissières observées sur le marché international du pétrole.
En attendant, automobilistes et passagers espèrent que les futures mesures gouvernementales puissent générer un impact plus tangible. Car derrière ces chiffres se cachent des réalités crues : étudiants contraints de marcher de longues distances, travailleurs amputant leur budget alimentation pour financer leurs déplacements, familles reportant leurs projets face à l’inflation des coûts de mobilité.
