Jeudi 19 septembre, des éléments des forces spéciales ivoiriennes ont fait irruption à la préfecture de police d’Abidjan pour tenter de forcer le passage et libérer un de leurs collègues, qui avait été interpellé. Des vidéastes amateurs ont filmé les échauffourées, et un policier témoin de la scène explique les raisons de cette altercation.
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Au moins quatre vidéos montrent la confusion autour de la préfecture de police d’Abidjan, jeudi 19 septembre : en fin de matinée, plusieurs militaires en treillis arrivent sur les lieux en taxi-bus, et tentent de rentrer à l’intérieur. Certains sont armés, et le ton monte rapidement avec les policiers qui s’opposent à eux.
Ils nous ont dit : « On est des forces spéciales, on ne craint rien ». La raison de cette intervention a suscité plusieurs versions : selon un policier qui était sur place, contacté par les Observateurs de France 24, les échauffourées seraient liées à l’interpellation d’un indic’, puis d’un militaire.
La CRS4 (nom de l’une des brigades de police d’Abidjan, NDLR) avait procédé à l’arrestation d’un homme qui avait eu un comportement suspect le matin même et qui donnait des indications sur la position de cette brigade. Il avait avoué être au téléphone avec le responsable d’un fumoir pour les avertir de l’arrivée de la police. (Les fumoirs sont des lieux de consommation de drogues à Abidjan. Ces lieux sont sous la surveillance de la police ivoirienne, qui a lancé l’opération Epervier pour les démanteler en 2016, NDLR.)
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Quelques heures après l’arrestation de cet indic, nous avons vu un membre des forces spéciales se présenter à la préfecture de police, et expliquer qu’il fallait libérer ce jeune homme car il le connaissait bien. Le ton est monté entre lui et les policiers, des mots ont été échangés, et finalement, le militaire a été interpellé et frappé par nos agents.
Peu de temps après, on a vu débouler un véhicule devant la préfecture avec une dizaine d’hommes à l’intérieur. Ils sont rentrés dans la préfecture, et ont rapidement repéré leur chef et le jeune indic qui avait été placé dans un véhicule, dans la cour.
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Un des membres des forces spéciales a même voulu donner une arme à son chef, lui disant : « On est des forces spéciales, on ne craint rien, sors de là ». C’est à ce moment-là que la situation a dégénéré.
Si le calme est rapidement revenu, et que la dizaine de militaires a finalement été interpellée, ces échauffourées ont suscité de nombreuses réactions sur Internet. « Un spectacle qui jette le discrédit sur les forces de l’ordre et qui suscite beaucoup d’interrogations », écrit un internaute. D’autres internautes ont également fait part de leur surprise face à cette scène plutôt inhabituelle.
« C’est surtout une scène assez lamentable. Des militaires qui veulent faire la justice en décidant qui doit être interpellé ou non, ce n’est pas acceptable. En tant qu’Ivoirien, cela fait ressortir les vieux démons, cela rappelle certaines images de la crise post-électorale de 2010, lorsque chaque camp s’était affronté. Ça ne rappelle pas de bons souvenirs, d’autant plus que l’année prochaine est une année d’élection présidentielle », déplore un citoyen.
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Pour couper court à la polémique, le directeur général adjoint de la Police nationale ivoirienne, Adama Ouattara, et le général de brigade Julien Kouamé N’dri pour l’armée, ont publié un communiqué commun. Selon eux, « un détachement des forces spéciales a été dépêché pour certifier son identité (celle du militaire qui avait été interpellé par la police, NDLR), suscitant un malentendu), précisant qu’une enquête était en cours.
Avec Observateurs de France 24