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Coup d’Etat militaire en Birmanie: «La Chine et l’Inde profitent du retrait occidental»

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La tentative démocratique aura duré dix ans en Birmanie. L’armée vient d’y mettre un terme ce 1er février, en arrêtant le chef du gouvernement, Aung San Suu Kyi. L’état d’urgence a été proclamé pour un an. Des généraux ont été nommés aux principaux postes.

Dénonçant une dizaine de millions de fraudes lors des élections législatives de novembre, l’armée, encore très influente dans le pays, s’est donc emparée du pouvoir qu’elle avait en partie délaissé en 2011.

Condamné par de nombreuses chancelleries occidentales, ce coup d’État, mené sans effusion de sang, a donc suspendu la jeune démocratie birmane. Une démocratie déjà très affaiblie par les répercussions internationales de la crise des Rohingyas.

À qui profite le retrait occidental ?

Des critiques internationales ont donc influé sur les relations entre la Birmanie et l’Occident. La dimension géopolitique a «pesé sur ce coup d’État», remarque Barthélemy Courmont. «La Chine et l’Inde profitent du retrait occidental pour être les principaux investisseurs», ajoute-t-il, observant que Pékin a «considérablement renforcé sa place en Birmanie à la faveur d’investissements très importants» dans le cadre de son projet des nouvelles routes de la soie pour accéder directement à l’océan Indien.

Interrogé par Sputnik, le directeur du Centre d’études sur le Myanmar à l’université du Guangxi, Liao Chun’yong, évoque ainsi de nombreux projets d’infrastructures, notamment «la construction du corridor économique Chine-Birmanie et du port dans la zone économique de Kyaukpyu». Celui-ci estime toutefois que les investissements chinois devraient logiquement «souffrir» de cette crise politique. La diplomatie chinoise a donc appelé ce 1er février à un règlement des différends «dans le cadre de la Constitution».

«La Chine joue de manière assez ambivalente à la fois sur une politique de rapprochement avec le gouvernement démocratique, mais aussi avec les militaires», observe Barthélemy Courmont.

Face à la Chine, les «Indiens se méfient» d’un affrontement général

Fait géopolitique intéressant, la Chine et l’Inde «ne se disputent pas» en Birmanie, adoptant une stratégie similaire lors de la crise des Rohingyas et sur les investissements. Géographiquement et commercialement, la Birmanie représente «une passerelle» entre les deux pays pourtant rivaux. «Tant que la Birmanie reste isolée des puissances occidentales, c’est une très bonne nouvelle pour ces deux pays, parce qu’ils peuvent l’accaparer», conclut Barthélemy Courmont.

Avec Sputnik