Covid-19 / Un claveciniste français se suicide : «Il ne supportait plus les annulations de concert»

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François Grenier, claveciniste âgé de 39 ans qui codirigeait l’ensemble de musique ancienne Hemiolia avec la violoncelliste Claire Lamquet, s’est suicidé le 17 mars. Selon Nord Littoral, le musicien, originaire d’Avesnes-sur-Helpe, dans le Nord, résidait à Lille. Il.

« Amoureux inconditionnel de la musique», il ne «supportait plus les annulations de concert», a expliqué Mme Lamquet dans La Lettre du musicien, un site de référence pour les musiciens professionnels et les professionnels de la musique classique. «Avec la crise sanitaire, et en particulier à partir du deuxième confinement, j’ai senti un net changement dans le comportement de François […]. Cette saison devait être la plus importante de l’histoire de notre ensemble, avec des tournées prévues en Bolivie, au Québec, une Passion selon Saint-Jean de Bach avec le Concert d’Astrée…»

La violoncelliste lui disait de profiter de cette période «pour penser à l’avenir», préparer des projets, «mais il était de plus en plus fuyant». Mais «il s’était renfermé dans sa bulle, et ressassait les annulations. L’avenir l’inquiétait de plus en plus, il en avait une peur panique, car il y avait de plus en plus de report de nos concerts. Il craignait aussi que l’année blanche pour l’intermittence du spectacle ne soit pas prolongée», poursuit-elle.

Selon Claire Lamquet, au-delà du travail ils étaient «tous amis». «La plupart des musiciens sont originaires du Nord, nous parlons ch’ti en répétition! François était un joyeux luron, mais par contre à l’extérieur il pouvait être timide. C’était une personnalité ultra-sensible.»

«J’ai aujourd’hui du mal à imaginer redonner les projets artistiques que nous avions conçus ensemble. Il faudra se réinventer, mais ce ne sera plus jamais pareil», conclut-elle.

Le secteur culturel a été très impacté par la crise sanitaire. D’après une étude publiée par l’EY, l’un des plus importants cabinets d’audit financier au monde, il a perdu en 2020 en Europe «environ 31% de son chiffre d’affaires». «Le spectacle vivant (-90% entre 2019 et 2020) et la musique (-76%) sont les plus touchés. Les arts graphiques, l’architecture, la publicité, les livres, la presse et l’audiovisuel font face à des baisses de -20% à -40% de chiffre d’affaires par rapport à 2019. Seule l’industrie des jeux vidéo semble tenir bon avec une croissance d’environ 9% de son chiffre d’affaires.»

Et pour 2021, rapporte Sputnik, le tableau n’est pas rose. «Les conséquences économiques pour la culture vont se prolonger sur 2021 de façon assez certaine», indique Marc Lhermitte, l’auteur du rapport.

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