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Crise libyenne : le maréchal Haftar rejette l’idée d’un cessez-le-feu

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Le constat est celui de l’impuissance. « La défiance qu’on connaît entre les acteurs libyens est plus forte que jamais aujourd’hui », a reconnu une source à la présidence française, à l’issue de l’entretien, mercredi 22 mai à l’Elysée, entre Emmanuel Macron et l’homme fort de l’Est libyen, Khalifa Haftar.

Ce dernier a lancé, le 4 avril, une offensive contre Tripoli et le gouvernement d’« union nationale » (GNA) dirigé par le Premier ministre Faïez Sarraj et le seul reconnu par la communauté internationale.

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Une semaine après s’être entretenu avec Faïez Sarraj, M. Macron a reçu très discrètement son adversaire afin de tenter de « récréer une dynamique de dialogue ». Le risque est de voir le pays basculer dans « une guerre longue et sanglante », selon les mots de l’émissaire spécial des Nations unies, Ghassan Salamé. M. Macron, qui, depuis son élection en mai 2017, s’était engagé dans le dossier libyen, n’a pu que constater la difficulté à bloquer une escalade dévastatrice alimentée par les livraisons d’armes, en violation de l’embargo international, par les parrains régionaux de chacun des deux camps. La Turquie et le Qatar pour le GNA : l’Egypte, les Emirats arabes unis et l’Arabie Saoudite pour le maréchal Haftar.

« Lorsque la question du cessez-le-feu est mise sur la table, la réaction du maréchal Haftar est de demander avec qui le négocier aujourd’hui », a rapporté une source de l’Elysée, relevant que Khalifa Haftar, qui refuse tout cessez-le-feu dans l’immédiat, considère que « le GNA est entièrement phagocyté par les milices ». Mais c’est en fait son offensive qui a redonné un espace militaire et politique aux milices, y compris les plus radicales, revenues dans la capitale pour affronter les troupes du maréchal.

« Ligne » et « couloirs »
La rencontre, qui a duré plus d’une heure, a commencé par un long monologue de Haftar, expliquant longuement pourquoi et comment il a été, selon lui, contraint de lancer l’offensive, à cause du refus du GNA de tenir les engagements pris dans le cadre de la feuille de route devant mener à des élections. Emmanuel Macron lui a demandé de faire « un pas, publiquement, en direction du cessez-le-feu ». Selon l’Elysée, le maréchal Haftar aurait reconnu « qu’une discussion politique inclusive était nécessaire » et qu’il était « d’accord pour y participer, au moment où ces conditions seraient réunies ».

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L’entretien a porté notamment sur ce que pourraient être les conditions d’une trêve. Lors de la rencontre avec Faïez Sarraj, le président français avait évoqué « la délimitation d’une ligne de cessez-le-feu sous supervision internationale ». Il a en reparlé avec son adversaire. L’idée est de séparer les belligérants autour de Tripoli, en établissant des « couloirs » sous supervision internationale, en clair sous celle de l’ONU et de sa mission sur place, mais le mécanisme reste encore à définir.

Au diapason de ses partenaires européens comme l’Italie, la France ne cesse de rappeler son soutien au gouvernement de Faïez Sarraj et d’insister sur l’impossibilité d’une solution militaire.

Paris n’en considère pas moins que Khalifa Haftar, qui contrôle près des trois-quarts du pays et bénéficie de forts soutiens internationaux, comme la Russie, reste incontournable. D’où, aussi, le refus d’une condamnation ferme de son offensive sur Tripoli.

La France s’est contenté de la « déplorer » et de rappeler l’importance d’une solution politique. Paris veut garder des canaux de dialogue ouverts avec les deux protagonistes, en espérant pouvoir les remettre autour de la table des négociations.

Avec Le monde