Cryptomonnaies : ce pays de la CEDEAO prend les devants

Cryptomonnaies Ghana

Credit Photo : DR

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Le 22 décembre 2025, au Ghana, le Parlement a adopté une loi baptisée Virtual Asset Service Providers Bill : le texte reconnaît pour la première fois l’existence légale des transactions en monnaies numériques ou cryptomonnaies.

Trois millions de Ghanéens utilisaient déjà ces actifs, souvent dans un flou juridique complet. Les volumes échangés ont atteint trois milliards de dollars entre juillet 2023 et juin 2024, selon Web3 Africa Group. Le gouverneur de la Banque du Ghana, le Dr Johnson Pandit Asiama, a déclaré : « Concrètement, le commerce des actifs virtuels est désormais légal et personne ne sera arrêté pour avoir utilisé des cryptomonnaies ».

Les transactions existaient déjà. Massivement même. Mais aucune autorité ne supervisait les plateformes d’échange, ni les services de portefeuilles numériques. Les fraudes se multipliaient. Les utilisateurs perdaient leurs fonds sans recours possible. Enfin, cette législation transforme un marché parallèle en secteur économique structuré.

La Banque du Ghana devient l’autorité principale de supervision. Elle délivrera désormais les agréments aux prestataires de services d’actifs virtuels. La Securities and Exchange Commission interviendra également, selon la nature des activités. Toutes les entreprises devront respecter des normes strictes en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Les directives opérationnelles seront publiées dans les prochains mois, avec une mise en œuvre progressive prévue pour 2026.

Les chiffres révèlent l’ampleur du phénomène. Près de 17 % des adultes ghanéens possèdent des cryptomonnaies, rapporte RFI. Trois milliards de dollars représentent le montant total des transactions effectuées au Ghana durant les six premiers mois de 2024, précise la même source. Le pays se classe parmi les cinq premiers marchés d’Afrique subsaharienne. Le Nigeria domine avec 92 milliards de dollars sur la période juillet 2024-juin 2025, mais le Ghana consolide sa position régionale.

Cette réglementation vise d’abord à protéger les consommateurs. Les plateformes devront justifier d’une solidité financière et installer des mécanismes de sécurité renforcés. Les autorités espèrent aussi intégrer cette masse monétaire à l’économie formelle. Les flux qui circulaient hors du système bancaire traditionnel entreront progressivement dans le circuit contrôlé. Pour le gouvernement, l’enjeu dépasse la simple surveillance : il s’agit d’attirer des investisseurs internationaux en offrant un environnement juridique stable.

Le texte ne confère aucun statut de monnaie légale aux cryptomonnaies. Le cedi conserve son monopole. Mais la coexistence devient possible, organisée même. Le Ghana rejoint ainsi le Kenya et l’Afrique du Sud, qui ont également choisi d’encadrer plutôt que d’interdire. Le Nigeria avait d’abord bloqué les transactions bancaires liées aux actifs virtuels avant de reconsidérer partiellement sa position.

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