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Démarchage téléphonique abusif : la technique de ce retraité fait fuir plus d’un

Démarchage téléphonique abusif la technique de ce retraité fait fuir plus d’un

Georges Briand © Photo Matthieu Baron

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Qui n’a jamais reçu d’appels téléphoniques de ces commerciaux planqués derrière le téléphone cherchant coûte que coûte à vendre leur produit ? ou carrément les arnaqueurs à qui cherchent la faillent pour soutirer des fonds ?  Parfois de guerre lasse, certains n’hésitent pas à laisser sonner ou à débrancher leur ligne.

Mais pour d’autres comme Georges Briand, par exemple, tourner ces envahisseurs en bourrique de façon drôle pour lutter contre ce démarchage qui agace plus d’un. Retraité de La Richardais, près de Dinard (Ille-et-Vilaine), Georges a tout pour être heureux, mais c’est sans compter sur les démarcheurs.

Des numéros en tous genres

En mai 2019, Georges Briand a commencé à noter tous les numéros dont émanaient de vraies sollicitations commerciales ou des tentatives d’arnaques. En un peu moins de trois ans et demi, il en a recensé pas moins de 1 700 ! Ce qui représente un à deux appels par jour. Des numéros en 06, 04, 02, 09, rapporte Actu.fr.

Une liste qu’il a d’ailleurs décidée de transmettre au député de Saint-Malo, Jean-Luc Bourgeaux, avant les débats sur la proposition de loi visant à encadrer les démarches téléphoniques.

Il prétend vendre de la drogue

Georges Briand a eu ce genre de coups de fil, bien sûr. « J’ai répondu que j’étais intéressé pour faire une formation, que j’étais commercial… Que je traversais l’Espagne jusqu’à Algesiras pour ensuite aller me fournir à Marrakech. Que je vendais de la drogue, quoi. Alors, bien sûr, ça raccroche… »

Il prend ses interlocuteurs au mot et joue le jeu. Les fait tourner en bourrique à travers de dialogues comme celui-ci : – « Vous m’avez déjà appelé je crois ? », commence-t-il.  – « Non, je ne pense pas. » – « Si, si, une certaine Sarah. » – « Non, il n’y a pas de Sarah ici. » – « Mais si, elle s’appelle Sarah Croche. »

Certains en rigolent, d’autres non. Si bien que cela peut se terminer en insultes… voire en menaces du type, « on sait où vous habitez », « on va venir vous voir ».

« J’inverse la situation »

Le retraité de La Richardais, qui juge tous ces appels intrusifs, se dit en tout cas qu’en faisant perdre du temps à ses infortunés correspondants. « J’évite à d’autres personnes de se faire embêter. » Alors, ça peut durer.

Il n’hésite pas à faire déplacer les démarcheurs plus insistants, « mais je les laisse dehors ». « Une fois, on m’a demandé si j’aimais les produits italiens… j’ai répondu que oui. Ils ont voulu me livrer un colis. J’ai donné une fausse adresse à Combourg. Faute de me trouver, le colis est reparti en Italie. Ils me l’ont renvoyé, il est re-reparti en Italie. Il me l’ont renvoyé une troisième fois et cette fois, La Poste a fini par m’appeler pour savoir où était le problème. Le colis est définitivement reparti. »

Il arrive aussi qu’on appelle le retraité pour l’inviter dans des restaurants de Dinard, Granville ou Saint-Malo. Objectif : « Me vendre des matelas, des voyages… sans obligation d’achat, bien sûr. »

« Dans ce cas, je leur dis de m’envoyer l’invitation par courrier. Quand on me rappelle pour me demander si je l’ai bien reçue, je leur dis que non. Encore un coup de La Poste. J’annonce que je viendrai avec cinq personnes et le jour dit, je ne viens pas. »

À minuit moins le quart

Isolation à 1€, mutuelles, matelas, panneaux solaires, pompe à chaleur, voyance, numérologie… Georges Briand a eu droit à tout l’éventail des sollicitations à la mode. Y compris aux offres de cadeaux valant supposément des centaines d’euros. « On me donne alors un code spécial, un code privilège, à donner en rappelant, moi-même, un numéro. » Un numéro surtaxé, bien sûr…

Georges Briand n’a pas vraiment constaté d’amélioration depuis la loi du 24 juillet 2020 encadrant d’un peu plus près le démarchage.

Il y a moins d’appels le dimanche, mais ils surviennent à toute heure de la journée. Le plus tard, « c’était à minuit moins le quart, ça venait de l’île Maurice ». Pour le coup, cela n’a pas du tout faire rire Georges Briand :

« J’ai sursauté comme n’importe qui aurait sursauté à ma place. J’ai eu peur qu’il soit arrivé quelque chose à mes deux filles. »

Le retraité, qui espère un encadrement beaucoup plus fort du démarchage téléphonique, s’insurge aussi « contre ces sociétés, souvent à l’étranger, qui n’ont aucun complexe à exploiter ces gens pour nous harceler ».

Avouons qu’on n’aimerait pas du tout être à la place de ceux qui tombent sur lui…