Une équipe de chercheurs français travaille sur la mise au point d’un spray nasal qui aide à empêcher le coronavirus de se fixer sur les cellules pulmonaires. S’ils reçoivent le financement requis, le médicament pourra être disponible dans six mois, a indiqué à Sputnik Philippe Karoyan, chercheur au CNRS et professeur à la Sorbonne.
«Nous avons travaillé dans l’équipe sur un traitement qui bloque le virus et ce traitement est basé sur la cible biologique, la cible humaine du virus. […] Le virus possède à sa surface une protéine […] qui est représentée sous forme de petites peptides et cette protéine constitue une clé», expose-t-il.
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Selon lui, en pénétrant dans l’organisme, le coronavirus utilise une «clé» qui interagit avec une cible humaine qui constitue une «serrure». Les deux sont des protéines. Celle qui se trouve sur la surface du virus interagit avec la protéine ACE2 (enzyme de conversion de l’angiotensine 2) et ouvre les portes au coronavirus qui commence à se multiplier, explique le spécialiste. Lui et son équipe ont simulé cette «serrure» humaine.
«Nous avons construit ces mimes et évalué leur capacité à interagir avec le virus et à bloquer l’infection des cellules pulmonaires par ce virus.» Utilisant un algorithme, ils ont construit 160 fausses «serrures» dont 25 ont été fabriquées en laboratoire et ont ensuite été testées pour leur capacité à bloquer le virus. «Sur ces 25 fausses serrures, il y en a trois qui se sont révélées extrêmement efficaces», souligne-t-il. «Nous avons démontré que l’interaction est tellement forte qu’une fois que nos peptides sont fixées sur la protéine Spike, il n’y a pas de retour possible en l’arrière», affirme M.Karoyan. C’est via sa protéine Spike que le virus s’introduit dans une cellule pour l’infecter.
L’objectif de l’équipe est désormais de développer cet outil en approche prophylactique, sous forme d’un spray nasal. Le peptide va donc se fixer sur les tissus et si l’individu entre en contact avec le virus, celui-ci sera bloqué. Les personnes déjà malades pourraient également l’utiliser, insiste le chercheur. Le développement du projet étant évalué à cinq millions d’euros, son équipe cherche actuellement un investisseur. Le produit sera prêt dans six mois si l’argent arrive aujourd’hui, dit Philippe Karoyan. La prochaine étape sera les essais in vivo, sur un hamster et un singe vert. Elle coûte 700.000 euros et doit durer trois mois. Une fois cette étude validée, les chercheurs pourront passer à celle sur l’homme. «Si l’État russe est prêt à me soutenir, je veux bien aller chanter l’hymne russe. […] Le temps, c’est de l’argent», conclut M.Karoyan.