Le « Washington Fellowship for Young African Leaders », cette initiative du Président Américain Barack Huissen Obama en faveur des jeunes leaders Africains âgés de 25 à 35 ans, a connu la participation de 496 jeunes venus de 49 pays du continent du 14 juin au 30 juillet 2014 aux Etats-Unis.
Six (06) jeunes leaders Togolais, Ayaovi Djifa Akomatsri, Akizou Bataba, Abdel-Hamid Biema, Combey Djidjolé Combetey alias Sylvio Combey, Akoueba Atia Marie-Louise Kponton Quam-Dessou et Mana Akuvi Banoungouzouna Regina Kpotor ont représenté notre pays à ce sommet.
L-FRII a l’honneur de recevoir 04 de ces 06 boursiers qui ont bien voulu partager avec nous cette expérience inédite à leur retour au pays.
L-FRII : Quels points auraient été déterminants selon vous, pour votre sélection parmi les six jeunes ayant représenté le Togo à ce sommet de jeunes leaders Africains?
(Biographie Mlle Mana Akuvi Banoungouzouna Regia Kpotor)
Mlle Kpotor : ‘’Je pense que mon parcours académique ainsi que mon background dans les domaines des marchés publics, la communication, l’engagement bénévole sur la question des femmes ont joué.
J’ai pris le soin de remplir consciencieusement le formulaire de candidature, et même me suis fait assister sur certains points pour mieux comprendre le sujet avant de répondre.
Vous savez, les candidatures féminines sont encouragées de nos jours. Les autres n’ont certainement pas démérité.’’
Sylvio Combey: ‘’Comme nous tous, j’ai soumis ma candidature en ligne sur le site dédié. Nous avons été présélectionnés par Washington, ensuite subi un test oral à l’Ambassade des Etats-Unis à Lomé où ils ont eu l’occasion de cerner mes compétences oratoires, mais aussi et surtout ma vision pour le Togo et l’Afrique.
Je pense que c’est cette vision, au delà de ce que je fais déjà dans plusieurs associations, ce que j’ai pu réaliser dans le parcours professionnel, le tout a joué en ma faveur. Mais ceux et celles qui n’ont pas été sélectionné(e)s n’ont pas démérité non plus.’’
M. Biema : ‘’Comme l’ont précisé mes amis, je pense que le fait de démontrer et de faire ressortir à travers les différentes rédactions et l’interview, son projet, sa vision, et son leadership est déterminant.’’
Mme AtiaKponton Quam-Dessou : ‘’ Je me retrouve dans ce qui est dit. Le conseil aux éventuels prochains candidats, c’est de mener dès maintenant des actions à travers des projets ayant de positifs impacts dans nos communautés. Apprendre ou améliorer son niveau en Anglais pour avoir toutes les chances d’être sélectionné.’’
L-FRII : Six (6) semaines de formations, de découvertes, de rencontres et d’échanges ont meublé ce sommet. À part les rencontres à Washington D.C., quels ont été vos temps forts ?
(Biographie M. Combey Djidjolé Combetey)
Sylvio Combey: ‘’Chaque jour pendant les six (6) semaines a été pour moi une nouvelle expérience riche en moments forts. Je faisais toujours la comparaison avec ce qui se fait dans notre pays et pensais à des approches de solutions. Les moments passés au siège de grandes structures de presse américaines ont été particulièrement pleins de leçons.’’
L-FRII : Quelles sont les différences positives remarquées, qu’en tant que leader, nous devons imiter pour un réel développement de nos État Africains ?
(Biographie M. Biema Abdel- Hamid)
M. Biema : ‘’Le fait d’être avec les autres nationalités, au total 17 pour mon université, la cohésion et le travail en équipe malgré nos diverses cultures est à imiter. Il faut que nous arrivions à s’ouvrir à l’autre et accepter ses différences pour qu’on construise une famille, un quartier, un pays et une Afrique meilleure.’’
Mlle Kpotor : ‘’ Je dirai que j’ai ressenti un fort sentiment de liberté. Libre d’exprimer sa personnalité et son point de vue, libre d’être ce que l’on est. J’ai aussi été marquée par le fait que la parole soit accordée à tous et que tous les avis comptent. J’ai interagi avec des Africains de différentes nationalités (18 y étaient représentées à Minneapolis) ainsi qu’avec des Américains. Cette diversité est une richesse extraordinaire qui permet de relativiser. Elle amène l’individu à toujours se remettre en cause et chercher à mieux faire.
Il y a une accessibilité des leaders, responsables politiques et une décentralisation qui permet à l’individu d’être en contact avec l’élu et de faire entendre sa voix. Le citoyen se sent ainsi investi d’un droit de regard et d’une obligation de participation à la vie de sa communauté et la préservation du bien public.
La récompense de l’effort, la discipline, le respect des droits basiques et fondamentaux sont également des éléments qui m’ont marqué et sur lesquels nous devons faire des efforts.
J’ai aussi remarqué qu’à Humphrey School of Public Affairs, il y a une proximité entre les étudiants et les responsables académiques, ce qui permet une communication plus aisée et naturellement favorise la réussite.’’
L-FRII : Les rencontres à Washington D.C. à l’Omni Shoreham Hotel, ont sans doute constitué la cerise sur le gâteau. Comment les avez-vous vécus ?
Mlle Kpotor : ‘’De belles séances. Le Président Barack Obama a su partager sa vision avec nous. Ce qui m’a impressionné, c’est l’accessibilité et la simplicité de cet homme. Sa façon de répondre aux questions et sa façon d’échanger avec l’assistance. Il y a des personnalités telles que Michelle Obama, Susan Rice ou encore Samantha Power qui m’ont aussi marqué : cette façon décomplexée d’échanger avec nous et avec les membres de leurs équipes… On sent ce respect envers les collaborateurs.’’
Sylvio Combey : ‘’Pour moi, je vais revenir sur la rencontre avec la première dame, Michelle Obama. Elle a été particulièrement poignante. Elle a su descendre de son piédestal et toucher du doigt le quotidien de l’Africain. C’est pour dire qu’elle aussi a du sang Africain dans ses veines. C’était fort ! Avant de quitter la salle, elle nous a fait des accolades et dit des mots d’encouragement.’’
L-FRII : Quelles grandes leçons auriez-vous à partager avec les jeunes au vu des expériences acquises ?
(Biographie Mme Akouèba Atia Marie-Louise Kponton Quam-Dessou)
Mme AtiaKponton Quam-Dessou : ‘’ Chaque personne doit avoir une vision et une mission en rapport avec sa vie privée, professionnelle et sociale. La mission se doit d’être traduite en objectifs mesurables à atteindre à des étapes précises de notre vie. Une fois la mission connue, il est d’une évidence absolue qu’on se dote de moyens, qu’on les arrache à la vie s’il le faut. À force de travail et de volonté, nous atteindrons les objectifs de vie qu’on se donne. Croire en soi est d’une importance capitale dans le processus.’’
M. Biema : ‘’J’ai été à l’Université de Tulane au cours du séjour pour la formation en leadership civique et en somme je dirais les leçons se résument en un grand ensemble :
La résolution des problèmes d’une communauté sans sa réelle implication est peine perdue, et l’appropriation des problèmes de la communauté par l’individu permet une résolution du problème de façon durable, car tout le monde apporte sa petite connaissance pour qu’aucun aspect du problème ne soit ignoré dans la résolution globale.’’
Mlle Kpotor : ‘’Être ambitieux, croire en soi malgré les difficultés, s’entourer de personnes qui peuvent vraiment nous aider, ne pas sous-estimer ses idées, se donner les moyens de son rêve et travailler dur.’’
Sylvio Combey : ‘’ J’ai été aux Etats-Unis avec des objectifs bien précis et suis rentré avec des réponses. De ces objectifs, découlent des leçons dont trois en particulier.
Primo, avoir de l’audace et le courage d’entreprendre. Souvent, nous avons des idées que nous voulons exécuter, transformer en projets, mais hésitons à cause de certaines idées reçues et de notre entourage qui nous décourage. On croit qu’on n’a pas les moyens ou encore qu’on ne réussira jamais. Ce sont des idées reçues qui ne nous aident pas à progresser. Chacun d’entre nous porte en lui un génie créateur qui, bien modelé, nous aidera à avancer. Il faut rêver et ne jamais oublier que le monde se dessine de nos jours par des Hommes qui ont de grands rêves. Pour les jeunes, je les encourage à avoir des rêves, y croire, les arroser, les voir grandir, prendre patience pour en récolter les fruits plus tard. C’est la première leçon !
Deuzio, je retiens qu’il nous faut vraiment faire preuve de leadership. Faire preuve de leadership dans toutes nos initiatives que ce soit dans des clubs de lectures, des associations de quartiers ou d’églises. Le leadership nous permet d’être à l’écoute de tout le monde, il nous donne des outils pour prendre de la hauteur dans la prise de décision et surtout dans la gestion de nos différentes entreprises. Le leadership, je dirai est la clé du succès.
L’autre leçon apprise est de se mettre réellement au service de sa communauté. Personnellement, je le fais depuis, mais le degré d’implication des Américains dans leurs communautés m’emmène à comprendre qu’il me faut faire plus. On ne peut prétendre au développement sans pour autant être soi-même au service du développement de sa communauté immédiate. Et si chacun le faisait depuis sa base, la dynamique va prendre et du coup, on aura bien le changement tant souhaité dans notre pays.’’
L-FRII : Quelles sont les prochaines étapes ?
Sylvio Combey : ‘’ Nous avons une panoplie de projets que nous les Mandela Washington Fellows du Togo allons exécuter au pays. Mais au delà, j’ai personnellement une multitude de projets qui ont germé dans ma tête au cours des nombreuses visites d’entreprises et de terrains. Pour ma carrière professionnelle, j’avais bien des idées en tête à exécuter et la formation américaine m’a permis de mieux les peaufiner.’’
Mlle Kpotor : ‘’ Pour ma part, je compte organiser des séances de partage avec des étudiants, des jeunes de l’administration ainsi que du secteur privé afin renforcer en eux le leadership et l’engagement communautaire.
Avec les 24 jeunes leaders de l’Université de Minnesota, nous comptons réaliser des projets communautaires très ambitieux qui débuteront aux Seychelles dont l’une des boursières est originaire. Ces projets devront s’étendre dans les 18 différents pays des boursiers.’’
L-FRII : Un message particulier aux jeunes ?
Sylvio Combey : ‘’ Nous devons croire en nous-mêmes. Il réside en nous, les qualités que nous voyons dans autrui, il suffit d’être confiant et surtout beaucoup d’abnégation. Nous n’avons pas à courir aujourd’hui derrière les trésors de ce monde. Prenons l’exemple des graines qui misent en terre, doivent se détériorer pour germer, prendre du temps à pousser, grandir et produire pour celui qui l’a semé. Voyons en ces graines le parcours de notre vie, il sera parsemé d’embûches, mais là doit plutôt résider notre force. Nous devons nous relever chaque fois que nous aurons à trébucher et croire comme Albert Einstein qui dit : «Je n’ai pas échoué, j’ai trouvé dix mille moyens qui ne marchent pas ».
Pour terminer, ne nous efforçons pas d’imiter les autres. Je le dis toujours « Créons nous-mêmes la vie que nous voulons et comme nous la voulons, façonnons-la, elle est à nous, car c’est là que réside notre bonheur et notre réussite ».
Merci beaucoup !’’