Le camp de déplacés de Zamzam, dans l’ouest du Soudan, a été touché le dimanche 1ᵉʳ décembre 2024 par des tirs de roquettes et d’artillerie des paramilitaires qui ont fait six morts, selon un nouveau bilan donné lundi par des militants locaux.
Un premier bilan faisait état d’au moins deux morts et 12 blessés, selon la même source.
Le camp situé au sud de la capitale de l’Etat du Darfour-Nord, El-Facher, a été visé par une attaque “aveugle”, selon le comité de volontaires qui coordonnent l’aide au Soudan.
Médecins sans frontières (MSF) a déclaré lundi que ses équipes avaient reçu huit blessés la veille, dont des femmes et des enfants de quatre ans souffrant de “blessures graves telles que des traumatismes thoraciques et des fractures”.
Cette organisation a précisé que quatre patients grièvement blessés avaient été transférés vers un autre établissement lundi matin, juste avant que de nouveaux bombardements ne touchent des zones proches d’un marché et de l’hôpital de campagne de MSF dans le camp.
L’hôpital de MSF a été évacué et les trois derniers patients en soins intensifs ont été transférés.
“La situation est plus que chaotique : les patients et le personnel médical quittent le camp et tentent de fuir pour sauver leur vie”, a déclaré MSF sur X.
Depuis la mi-avril 2023, le Soudan est en proie à un conflit brutal entre l’armée régulière, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), dirigées par son ancien allié et ancien adjoint Mohamed Hamdane Daglo.
Famine
La guerre a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé plus de 11 millions de personnes, provoquant ce que l’ONU décrit comme la pire crise humanitaire de l’histoire récente.
Les deux parties belligérantes sont accusées de crimes de guerre, notamment de ciblage de civils, de bombardement de zones habitées et de blocage ou de pillage de l’aide humanitaire.
El-Facher est assiégée par les paramilitaires depuis des mois, paralysant les opérations d’aide et plongeant le camp de déplacés de Zamzam dans la famine.
Jeudi dernier, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a appelé les pays étrangers à cesser d’aider les parties belligérantes dans la guerre civile au Soudan, frappé par la famine, alors qu’il visitait des camps de réfugiés au Tchad voisin.
Le chef des affaires humanitaires des Nations unies, Tom Fletcher, a également appelé à une action internationale immédiate pour répondre à la crise qui s’aggrave, soulignant les souffrances de millions de personnes déplacées par le conflit.
S’adressant à des réfugiés lors d’une visite de neuf jours au Soudan et au Tchad, M. Fletcher a exhorté le monde à leur apporter un soutien accru.
“La situation est difficile, c’est la plus grande crise humanitaire du monde. Et j’ai parlé aux habitants locaux des communautés d’accueil”, a déclaré M. Fletcher, lors d’une visite vendredi à El-Geneina, la capitale du Darfour-Ouest.
Près de 26 millions de personnes, soit environ la moitié de la population, sont menacées de famine au Soudan, les deux camps étant accusés d’utiliser la faim comme arme de guerre.
“Ces chiffres sont stupéfiants, et nous ne pouvons pas tourner le dos”, a déclaré M. Fletcher.
© AVEC AFP