Droits de douane : l’économie africaine en danger; le président de la BAD lance l’alerte

Droits de douane : l'économie africaine en danger; le président de la BAD lance l'alerte

Crédit Photo : ONU / IMF/Andrew Caballero-Reynolds

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Les nouveaux tarifs douaniers imposés par les États-Unis “provoqueront d’autres ondes de choc” à travers les économies africaines, a déclaré ce vendredi 11 avril 2025 Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD), mettant en garde contre une réduction des échanges commerciaux et une intensification des coûts de service de la dette.

Ses déclarations lors d’un discours prononcé à l’Université National Open of Nigeria à Abuja, la capitale du pays, interviennent après que le président américain Donald Trump a fait tanguer les marchés mondiaux en imposant, puis en retirant une série de surtaxes douanières au cours des derniers jours.

Un droit de base de 10% reste en place pour tous les pays, avec des tarifs plus élevés sur les importations chinoises aux États-Unis, perturbant des décennies de politique commerciale mondiale.

Ces nouvelles taxes vont entraîner un affaiblissement des monnaies locales en raison de la baisse des recettes de changes, et 47 pays africains risquent de subir des droits de douane encore plus élevés, a affirmé le président de la BAD, après avoir évoqué également la migration et la réduction de l’aide étrangère.

“L’inflation augmentera à mesure que les coûts des biens importés seront en hausse et que les monnaies se dévalueront par rapport au dollar américain”, a déclaré M. Adesina lors d’une cérémonie de remise des diplômes de l’université.

“Le coût du service de la dette, par rapport aux recettes publiques, va croitre à mesure que les recettes prévues diminueront”, a-t-il ajouté.

Alors que certains experts s’attendent à ce que les pays du monde entier se tournent vers d’autres partenaires commerciaux, y compris la Chine, selon M.Adesina, l’Europe et l’Asie “achèteront moins de biens en provenance d’Afrique” en raison des chocs mondiaux.

Les récentes mesures prises par l’administration Trump en matière de commerce rendent presque inévitable le non-renouvellement de l’African Growth and Opportunity Act, un accord clé de libre-échange pour 35 pays africains qui expire cette année, a déclaré M. Adesina.

“Les chances de renouvellement et de prolongation sont désormais extrêmement faibles”, estime-t-il, prévoyant de graves conséquences pour le Lesotho et Madagascar, qui sont des exportateurs importants de vêtements, de diamants et de vanille.

Les anciens modèles de développement

Cependant, une grande partie de son discours s’est concentrée sur l’avenir du continent, des accords sur les minéraux critiques à la réduction de l’aide étrangère, en passant par l’émigration.

Selon lui, le système financier mondial n’a pas réussi à répondre aux besoins de l’Afrique, “surtout en matière de dette, de changement climatique et d’accès à un financement accru”, tandis que les “politiques d’immigration restrictives” dans les pays riches posent des défis pour la mobilité de la main-d’œuvre.

Le démantèlement de l’USAID, le principal organisme de développement extérieur des États-Unis, ainsi que les coupes effectuées par les pays européens, “signifie que les anciens modèles de développement sur lesquels l’Afrique s’est toujours appuyée ne fonctionneront plus”, a estimé M. Adesina.

Cependant, pour lui “l’aide n’est pas le moyen de se développer”, et “l’Afrique ne peut pas blâmer les autres pour ne pas accueillir sa population migrante croissante”.

“Elle doit créer l’environnement propice pour que sa jeunesse prospère, ici même sur le continent”, avance-t-il.

Cependant, la manière dont cela se réalisera dépend à la fois des puissances africaines et étrangères, y compris les États-Unis, qui sont prêts à discuter de partenariats sur les minerais rares avec la République démocratique du Congo (RDC).

© Agence France-Presse

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