Au Cameroun, le président sortant Paul Biya a tenté, selon les informations de nos confrères de Jeune Afrique de désamorcer la contestation naissante au niveau de son concurrent Issa Tchiroma Bakary.
Ainsi, selon Jeune Afrique, Paul Biya aurait offert le poste de Premier ministre à son adversaire Issa Tchiroma Bakary avant même la proclamation des résultats provisoires du scrutin du 12 octobre. L’information proviendrait de sources proches du Palais d’Etoudi.
La proposition est intervenue dans un contexte de tensions croissantes. Jean Abaté Edi’i, gouverneur de la région du Nord, s’est rendu auprès de l’ancien ministre accompagné d’autres émissaires pour porter l’offre présidentielle.

Le choix de cet intermédiaire n’est pas anodin : la région du Nord constitue le bastion politique de Issa Tchiroma Bakary, d’où monte précisément la contestation des résultats électoraux.
Bref, la manœuvre n’a pas produit l’effet escompté. L’ancien membre du gouvernement Biya a décliné l’offre, maintenant sa position sur ce qu’il appelle « la vérité des urnes ». Cette expression revient dans ses déclarations depuis plusieurs jours, martelée comme un leitmotiv face aux résultats qu’il juge falsifiés.
L’entourage de Issa Tchiroma Bakary y voit une « neutralisation politique ». La formule n’est pas anodine. Elle suggère que le poste de Premier ministre servirait d’instrument pour étouffer la contestation à Garoua, ville de 360 000 habitants située à quelque 750 km au nord de Yaoundé. Le fief politique du challenger pourrait ainsi perdre son principal porte-voix dans les instances dirigeantes.
D’ailleurs, le timing de cette proposition interroge. Pourquoi agir avant la publication des résultats provisoires ? La séquence révèle peut-être les inquiétudes du pouvoir face à l’ampleur potentielle de la contestation. Le Nord camerounais, région historiquement négligée dans la répartition des postes gouvernementaux, cultive depuis des décennies un sentiment d’exclusion du centre décisionnel.
La situation rappelle d’autres moments de l’histoire politique camerounaise où des postes stratégiques ont servi de monnaie d’échange. Enfin, la méthode diffère peu : calmer les ardeurs contestataires par l’intégration plutôt que par la confrontation directe.
Issa Tchiroma Bakary connaît bien les rouages du système. Son passage au gouvernement lui a permis d’observer de l’intérieur les mécanismes du pouvoir biyiste. Cette expérience explique sans doute sa lucidité face à la proposition : accepter équivaudrait à renoncer à sa légitimité de contestataire.
Les prochains jours détermineront si cette position tient face aux pressions. Le refus ouvre la voie à une crise postélectorale dont personne ne peut prédire l’issue. Garoua reste sous surveillance, tandis que les résultats officiels tardent toujours à être proclamés.