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Élections au Burkina Faso : le dépouillement a débuté

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Les burkinabès étaient appelés ce 22 novembre 2020 à élire un nouveau président puis à renouveler leur assemblée nationale. Le dépouillement a commencé dans le centre de vote du lycée de Paglairie dans le sud de la ville de Ouagadougou. Ce sera d’abord le vote pour la présidentielle puis celui pour les législatives. Ces résultats seront envoyés au centre communal pour une première compilation. La journée s’est bien passée, sans incident majeur dans une ambiance plutôt sereine. D’ailleurs la Commission électorale, la Céni, par la voix de son président, Newton Ahmed Barry, s’en est réjoui à la mi-journée. Elle a tout de même reconnu certains retards à l’allumage, des problèmes de logistiques, de matériel qu’elle disait encore en train d’acheminer dans l’après-midi.

Dans certaines zones, où la Céni ne pensait pas pouvoir ouvrir des bureaux, certains bureaux ont pu ouvrir. Et dans d’autres zones, principalement en raison de la situation sécuritaire, des bureaux prévus n’ont finalement pas pu ouvrir et certains ont même dû fermer.

Des bureaux vides à côté d’autres surchargés

À Ouagadougou, il n’y avait pas le même engouement qu’en 2015, où la participation avait été forte. Dans l’ensemble, l’ambiance a été assez calme, rapporte notre envoyée spéciale à Ouagadougou, Paulina Zidi. Aucun incident majeur n’était à signaler.

Il y a eu parfois des situations un peu curieuses. Au lycée de Bambata, en centre-ville d’Ouagadougou, 6 bureaux de vote étaient quasiment vides en milieu de matinée, décrit notre envoyée spéciale à Ouagadougou, Carine Frenk. Et devant le bureau numéro 7, une longue file d’attente s’était formée et le président nous a expliqué que ça n’avait pas désempli depuis six heures le matin.

Au centre de vote du lycée Saint-Joseph à Ouagadougou, on a constaté le même phénomène. La présidente de l’un de ceux-là, Bibata nous a raconté qu’à l’ouverture ce matin, il y avait un peu de monde, mais ensuite le flux d’électeurs était au compte-gouttes. Le bureau d’à côté, lui en revanche, a fait le plein. Mme Yarra, présidente du bureau, répondait en plaisantant que « c’est la chance ! » qui explique ces différences d’affluence.

Les électeurs votaient deux fois pour cette élection : d’abord pour la présidentielle, puis pour les législatives. Certains confiaient que ce second vote était plus laborieux, puisque notamment dans le quartier de Somgandé, il y avait près de 90 listes. Le bulletin faisait donc la taille d’une petite affiche. Et un votant expliquait qu’avec sa vue défaillante, il avait eu du mal à voter.

À l’école franco-arabe de Ouagadougou, Wilfried, membre de la mission observation nationale Codel, a fait le même constat après avoir sillonné trois centres de vote pendant toute la journée. Il a remarqué une mauvaise répartition électorale entre les différents bureaux de vote. Il a aussi eu à gérer une altercation entre plusieurs délégués de candidats le matin. « Ça a un peu chauffé ce matin entre les délégués des partis en raison d’une vieille dame qui avait besoin d’aide pour se déplacer, témoigne-t-il. Certains délégués ne le voulaient pas. Donc, ils se sont disputés. Je suis intervenu pour calmer tout le monde et expliquer que la dame avait le droit d’être aidée. » Son travail s’est terminé à la fin du vote où il a dû vérifier qu’aucun bulletin ne soient rajoutés dans les urnes scellées avant le début du dépouillement.

Les bureaux de vote visités par nos journalistes étaient dans les clous : les urnes sont scellées et les représentants des candidats étaient là. Il manquait parfois du gel hydroalcoolique ou des enveloppes pour le dépouillement. Tout ce matériel était attendu dans la journée. Les responsables des bureaux se voulaient de leur côté rassurant expliquant que cela n’empêche pas la tenue du scrutin.


Inquiétudes sécuritaires et légers dysfonctionnements

Dans le reste du pays, le vote se déroulait dans le calme dans l’ensemble, raconte notre correspondant au Burkina Faso, Yaya Boudani. Même si quelques difficultés d’organisations étaient à noter, notamment dans l’extrême-nord à Tin-Akoff où la population a dû patienté. Le personnel et le matériel électoral n’ont pas pu quitter la localité de Gorom-Gorom pour des raisons sécuritaires. C’est dans la zone de Tin-Akoff que 14 militaires ont été tués dans une embuscade le 11 novembre.


Dans l’Est, certains bureaux de vote de Diapaga ont dû être fermés. Des hommes armés auraient menacé de représailles les conseillers des villages. Même les bureaux où le vote avait commencé ont dû être fermés. Le matériel électoral a été ramené dans le chef-lieu de la province.

Sur le terrain, les forces de l’ordre sont massivement déployées pour la sécurisation du scrutin. L’objectif est de prévenir toute attaque de jihadistes qui tenteraient de perturber les opérations électorales. En raison de cette situation sécuritaire instable, près de 6 % des bureaux de vote du pays ne pouvaient d’ailleurs pas ouvrir.

Il y a eu quelques dysfonctionnements dans la commune de Zianaré située dans la région Plateau-Central. Certains agents avaient du mal à maîtriser les différentes étapes du processus. Et des bureaux de vote n’avaient toujours pas reçu les feuilles pour les procès-verbaux. Selon le gouverneur de la région du Sahel, le colonel-major Salfo Kaboré, aucun incident majeur n’a été signalé de son côté. Du côté de Bobo-Dioulasso c’est le manque de matériel dans certains bureaux de vote qui a entraîné des retards. À la mi-journée, les fichiers concernant les législatives n’étaient toujours pas disponibles.

 

 

 

Quelques couacs au démarrage

 

 

 

À six heures à Ouagadougou dans le centre de vote de l’école primaire Toudweogo, situé au nord de la capitale, le premier électeur a voté à l’heure. Il s’agissait de Mohammed Lemine, présent dès 5h30 pour glisser rapidement son bulletin dans l’urne avant la « bousculade ». Mais si ce bureau de vote a bien ouvert à l’heure, il semble l’exception puisque les cinq autres du centre n’accueillaient pas encore d’électeurs à 6h15. Quelques retards à l’ouverture étaient donc à signaler. À l’École Charles Peguy en revanche, dans le quartier Tanghin, toujours au nord de la capitale, les trois bureaux du centre ont bien ouvert à l’heure. Pas de file d’attente pour voter, les électeurs arrivaient petit à petit.

Vers neuf heures au lycée Bambata dans le centre-ville de Ouagadougou, il y avait un peu plus de monde. Dans la file d’attente, Marguerite attendait de pouvoir voter. Elle est d’abord allée à la messe ce matin et ensuite, elle est venue déposer son bulletin dans l’urne. Il y avait aussi Souleymane, un jeune homme au même bureau de vote. C’était important pour lui de venir voter aujourd’hui.

« Sa préoccupation est surtout sécuritaire. Alors ce matin, avant de venir, il a été à l’église et il a prié pour qu’il n’y ait pas d’attaques ce dimanche. Moi avant de voter, j’ai prié chez moi et j’ai demandé au bon Dieu de nous épargner vraiment pour qu’il n’y ait pas d’attaque terroriste. Aujourd’hui, c’est, un jour, spécial. On veut voter dans la paix et que le meilleur gagne ».

source : rfi.fr