Agbéyomé Kodjo, Ancien Premier ministre, Gnofam Ninsao, ministre des Transports et des Infrastructures, et le Chef d’Etat Major de la Marine, le Colonel Takougnadi ont animé le 12 octobre 2016 à l’Hotel Radison Blu, une Conférence de Presse relative au Sommet sur la Sécurité Maritime. Voici le contenu de l’exposé liminaire présenté par l’ancien Directeur Général du Port de Lomé
EXPOSÉ LIMINAIRE DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE SUR LE SOMMET EXTRAORDINAIRE DE L’UNION AFRICAINE SUR LA SÉCURITÉ ET LA SÛRETÉ MARITIMES ET LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DE L’AFRIQUE – SIDE EVENTS LOMÉ LE 12 OCTOBRE 2016 À 15 HEURES
Mesdames, Messieurs Bonsoir et Soyez les bienvenus,
Le Togo est particulièrement honoré d’accueillir sur son sol, la tenue du Sommet Extraordinaire sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique.
Il convient de rendre un hommage appuyé à la diplomatie togolaise inspirée par le Chef de l’Etat, qui par cet événement majeur permet à notre pays de renouer avec sa tradition de carrefour des Grandes Rencontres internationales.
Sachant que par une heureuse coïncidence, le thème de la journée mondiale de la Mer de l’année 2016 est intitulé : « Les transports maritimes : indispensables pour le monde. »
Mesdames, Messieurs, permettez-moi de vous rappeler la réalité suivante : 80 à 90% des échanges commerciaux s’effectuent par voie maritime.
Dès lors, nul ne saurait mésestimer le fait que le transport par voie maritime constitue le pilier du commerce international et de l’économie mondiale.
En outre, le secteur du transport maritime est pourvoyeur d’emplois pluridisciplinaires et contribue au bien-être social de millions de salariés de ce secteur à travers le monde.
Or, il se trouve que depuis plusieurs années, la piraterie maritime qui sévit en mer, et sur les côtes des pays d’Afrique a pris d’inquiétantes proportions, particulièrement dans le Golfe d’Aden et sur les Côtes Somaliennes, conduisant le Conseil de Sécurité de l’ONU à autoriser les forces navales de l’OTAN à se déployer avec l’appui de la Chine et du Japon afin de contrer dans cette zone maritime, les agissements criminels des pirates qui arraisonnent les navires marchands, les navires vraquiers, ainsi que les navires pétroliers, les dépouillant de leur cargaison, prenant les équipages en otage et exigeant le paiement des rançons, le tout par usage de violence au moyen d’armes à feu qui en quelques occasions, firent des morts.
Aujourd’hui un calme relatif est revenu dans cette zone maritime (Golfe d’Aden et sur les Côtes Somaliennes).
Cependant, force est de constater que l’épicentre de ce fléau des Mers a pris ses nouveaux quartiers dans le Golfe de Guinée, importunant ainsi la libre circulation des navires marchands, des navires vraquiers, ainsi que les navires pétroliers, rendant toute traversée maritime du Golfe de Guinée en un redoutable enfer et privant mécaniquement nos pays des ressources importantes qui leur sont nécessaires pour un développement durable.
Plusieurs initiatives africaines furent conduites au niveau sous régional, et régional ; notamment celle de Yaoundé qui me vient à l’esprit car après une analyse systémique, elle portait l’ambition de l’éradication du fléau criminel et des désordres qui troublent nos mers et nos côtes. Hélas ! La plupart des précédentes initiatives africaines ne connurent pas le succès souhaité.
Mesdames, Messieurs, songez qu’au premier semestre de l’année en cours, les actes de piraterie maritime dans les eaux africaines ont représenté plus du tiers des attaques pirates dans le monde, rapporte le BMI. En effet, sur 98 actes pirates dans les mers et océans, 34 se sont perpétrés au large des côtes africaines.
Cette situation est devenue intenable à tous égards, et requiert en urgence, la mise en œuvre de nouvelles initiatives plus novatrices, et plus intégrées dans la mobilisation, et la lutte contre la piraterie maritime pour protéger nos Mers et nos Océans conformément à la Stratégie Africaine pour les Océans et les Mers à l’Horizon 2050.
C’est dans ce cadre que lors de la session Ordinaire de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement qui s’est tenue à Malabo (Guinée-Équatoriale) en 2014, que le Chef de l’État togolais avait proposé la thématique du Sommet Extraordinaire qui à notre satisfaction, se tient ces jours-ci à Lomé, car le vœu émis à Malabo par le Chef de l’État togolais en 2014 a obtenu l’adhésion de ses pairs en raison de sa pertinence.
Sur le fond, il s’agira au cours de ce Sommet extraordinaire, de définir un cadre légal pour une coopération régionale accrue et efficace de lutte contre la piraterie maritime, à travers l’adoption d’une Charte Maritime Africaine et de faire l’état de lieux des différentes résolutions et recommandations des précédant Sommets en la matière.
Il s’agira tout autant, de renforcer les structures existantes pour une meilleure sûreté de nos côtes.
Il s’agira également d’adopter des dispositions répressives sévères tendant à prévenir, décourager, et éradiquer la pêche illégale, non déclarée, non réglementée.
Il s’agira d’harmoniser les instruments juridiques en matière de prévention et de répression de la criminalité maritime.
Enfin, il s’agira de ratifier les traités et les conventions en la matière pour rendre efficace le combat contre la piraterie maritime.
En outre il convient de rappeler que dans le cadre de la lutte contre la piraterie maritime et la sécurisation du domaine portuaire et de son plateau continental, le Togo a mis en place un Haut Conseil de la Mer, créé une Préfecture Maritime, harmonisé les textes et la législation, produit de nouveaux textes législatifs pour réprimer la criminalité maritime à la mesure de ses ambitions de faire du Port de Lomé un HUB de référence en raison de ses avantages nautiques particulièrement rares sur le Golfe de Guinée.
Mesdames, Messieurs, je vous prie de bien vouloir retenir qu’il conviendra également, d’exhorter les pays membres de l’Union Africaine à mutualiser leurs moyens techniques et matérielles afin d’optimiser les actions de surveillance maritime et de collecte de preuves d’actes de piraterie, de trafic illicite en tout genre, de déversement en mer et sur nos côtes de substances nuisibles qui anéantissent et polluent nos ressources marines, et de promouvoir l’économie bleue qui constitue un gisement à fort potentiel multisectoriel dont l’exploitation contribuera à améliorer sensible du niveau de vie de nos populations.
Mesdames, Messieurs, Le Golfe de Guinée c’est 6000 Km de côtes ; c’est une zone maritime stratégique en termes géopolitiques ; c’est une zone maritime riche en pétrole, en gaz naturel et en produis halieutiques ; c’est aussi la zone maritime qui enregistre chaque année d’importantes pertes financières estimées annuellement à plus de 2 Milliards de dollars ($US) en raison des effets nocifs de la piraterie maritime.
Vous comprenez donc que par ces temps de crise économique, éprouvante pour les populations africaines, la pertinence du Sommet extraordinaire de Lomé qui se veut un cadre d’échange, de réflexion, et de décisions fortes, ambitionne d’éradiquer le phénomène de la piraterie maritime, et ambitionne de promouvoir l’économie bleue en termes de développement durable de nos pays.
Mesdames, Messieurs, le Ministre des Transports et des Infrastructures vous exposera les efforts entrepris par le Gouvernement dans le domaine des investissements majeurs portuaires et terrestres, pour la fluidité du corridor togolais ; et le Chef d’État Major de la Marine nationale vous exposera comment dans son ressort de d’attributions et de compétences, le combat pour la sécurité du Port de Lomé et de notre plateau continental s’organise en vue d’offrir et de pérenniser un cadre de sûreté aux acteurs de la communauté portuaire, et à ceux de l’industrie maritime togolaise. Selon un vieux adage, ‘Qui contrôle la Mer contrôle la Terre’.
Je vous remercie de votre attention.
Agbéyomé Kodjo
Ancien Directeur Général du Port de Lomé
Ancien Premier Ministre