Éric Dupond-Moretti dévoile dans son autobiographie Bête noire : condamné à plaider, cette petite phrase qu’il réserve aux juges lorsque le verdict des assises ne lui convient pas.
Considéré comme quelqu’un qui n’a pas la langue dans sa poche, celui qui est surnommé l’Acquittator n’a jamais caché sa détermination pour que justice soit faite pour tous. Il s’est illustré dans le procès d’Outreau, mais aussi de Patrick Balkany, et il va même jusqu’à assurer qu’il aurait pu défendre Klaus Barbier et Hitler “s’ils me l’avaient demandé”.
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En défendant de telles affaires, l’actuel garde des Sceaux n’en est plus à son premier verdict qui ne tourne pas en faveur de ses clients aux assises. “Alors voilà, ça y est, mon client a pris trente ans. Ce n’est pas la première fois, mais je ne m’y habitue pas”, écrit-il dans son autobiographie Bête noire : condamné à plaider (éditions Broché), parue en 2012.
Un scénario contrariant pour l’avocat certain que “dans 99% des cas, c’est le président qui décide de l’issue délibérée” et non les jurés “qui ont décidé de condamner”. Si l’usage veut que “les avocats aillent saluer le président et ses assesseurs, ainsi que le représentant du ministère public”, Eric Dupond-Morreti ne s’y plie pas “systématiquement”.
“Je ne vais pas saluer ces juges-là pour ne pas avoir à leur dire de gros mots”, déclare-t-il. Alors lorsqu’un président lui lance “d’un air désolé” : “Maître, vous avez bien plaidé”, le compagnon d’Isabelle Boulay lui réserve sa petite pique cinglante : “Vous, vous avez mal jugé”. Lassé de ces politesses, il raconte : “Maintenant, quand j’ai l’intuition que je vais entendre une phrase comme celle-là, je roule ma robe en boule sous mon bras, prends mes dossiers, et quitte ces maudites assises. Je suis toujours épuisé, je pue toujours la sueur, et j’ai la rage au ventre”.