La région du Tigré, située au nord de l’Éthiopie, est au centre de conflits armés depuis novembre entre pouvoirs fédéral et régional. Les violences ont fait des milliers de morts et des crimes de masse ont été dénoncés, rapporte RFI.
La CADHP a donc mis sur pied une équipe pour enquêter. Ses travaux ont officiellement commencé jeudi 17 juin, mais l’Éthiopie a déclaré qu’elle ne collaborerait pas. Bien au contraire, elle a demandé « l’arrêt immédiat » des travaux des cinq enquêteurs. Addis-Abeba reproche à la Commission des droits de l’homme d’avoir constitué l’équipe « de manière unilatérale ».
Hier, alors que les investigations venaient officiellement de débuter pour une durée de trois mois, le ministère éthiopien des Affaires étrangères a estimé qu’elles n’avaient finalement pas de base légale et ne respectaient pas le cadre qui avait été négocié. En fait, Addis-Abeba conteste surtout le fait que la commission ne soit pas conjointe et donc n’inclut pas des représentants du pouvoir éthiopien.
Mais l’institution semble pour l’instant résister à la pression. La commissaire Maya Sahli-Fadel, également membre de l’équipe, a indiqué qu’une enquête conjointe avec le gouvernement « pourrait altérer l’indépendance » de son travail.
Le chef de l’équipe a ajouté que l’enquête allait suivre son cours. « Ce que nous avons commencé ne peut pas être stoppé », a déclaré le Congolais Rémy Ngoy Lumbu. Il a précisé qu’Addis-Abeba leur avait donné l’autorisation d’aller au Tigré, même si pour l’instant aucune date n’a été arrêtée. « Ce que nous trouverons ne finira pas caché dans un tiroir », a en tout cas promis Remy Ngoy Lumbu.
Et comme pour anticiper une interdiction de territoire, le groupe a expliqué que s’il ne pouvait pas se rendre au Tigré, il pouvait visiter les pays voisins et parler aux milliers de réfugiés qui ont fui l’Éthiopie.