Les investisseurs internationaux continuent de parier sur l’uranium du Niger. Global Atomic vient d’en apporter la preuve en mobilisant 37 millions de dollars canadiens sur la bourse de Toronto, bien au-delà des 20 millions initialement visés. Cette opération, finalisée le 23 octobre, témoigne de l’attractivité persistante du projet Dasa, malgré un contexte régional qui aurait pu refroidir les ardeurs.
Le gisement de Dasa se classe parmi les plus riches du continent africain. Seuls les dépôts canadiens du bassin d’Athabasca affichent des teneurs supérieures. Un atout qui explique en partie l’engouement des marchés financiers, même si la route vers la production reste semée d’embûches. La compagnie canadienne négocie depuis des mois avec des banques américaines pour obtenir une facilité de crédit couvrant 60 % des 424,6 millions de dollars nécessaires au développement du projet.
Ces discussions piétinent. Le coup d’État de juillet 2023 et les récentes nationalisations d’actifs miniers ont ralenti les processus d’approbation. Selon l’étude de faisabilité publiée en 2024, la mine devrait produire plusieurs millions de livres d’uranium par an une fois opérationnelle. Global Atomic détient actuellement 80 % du projet, le gouvernement nigérien conservant les 20 % restants. L’entreprise cherche également un investisseur minoritaire sans préciser l’avancement des négociations.

En parallèle, les levées de fonds en bourse se succèdent avec succès. Bref, la compagnie a réuni 24,8 millions de dollars canadiens en juin, puis 35,6 millions en janvier 2025. Ces capitaux alimentent le développement souterrain de la mine et la construction de l’usine de traitement.
D’après le rapport du deuxième trimestre 2025, les travaux avancent selon le calendrier prévu. La mise en service reste fixée au second semestre 2026, à condition que le financement bancaire ou un accord de partenariat aboutisse.
Le cours de l’uranium constitue un autre facteur à surveiller. La livre se négociait autour de 76 dollars fin octobre 2025, un niveau historiquement élevé mais insuffisant pour stimuler la construction de nouvelles mines selon certains acteurs.
Les projections de Global Atomic anticipent une valeur actuelle nette après impôts de 1,1 milliard de dollars pour Dasa si le prix atteint 75 dollars la livre, contre 656 millions à 60 dollars.
Le Niger fournit environ 5 % de la demande mondiale d’uranium. Le ministre des Mines Ousmane Abarchi a réaffirmé le soutien du gouvernement au projet Dasa lors d’une conférence minière en Afrique. Cette position contraste avec les revers subis par d’autres opérateurs. En juin dernier, le pouvoir a révoqué le permis d’exploitation de la société française Orano sur le site d’Imouraren. Un mois plus tard, GoviEx Uranium perdait sa licence pour Madaouela.
L’appétit des marchés pour Dasa révèle la confiance dans le potentiel stratégique de ce combustible nucléaire. La relance du nucléaire civil à l’échelle mondiale alimente les prévisions de croissance. Reste à savoir si la situation politique locale permettra au Niger de capitaliser pleinement sur cette ressource.