La semaine dernière, un nouveau scandale a éclaté autour de la maison-mère de Facebook. Daniel Motaung, un ancien modérateur responsable de Facebook en Afrique de l’Est et Afrique australe, a déposé plainte contre Meta et contre la société Sama, un sous-traitant de Facebook basé à Nairobi au Kenya, pour des irrégularités de rémunération, pour atteinte à la vie privée et méthodes d’embauche trompeuses. Les avocats du plaignant vont même plus loin en parlant de “trafic d’êtres humains selon une forme moderne d’esclavage”.
Daniel Motaung demande aux tribunaux kényans d’ordonner à Facebook et à ses sous-traitants de mettre fin à l’exploitation dans son centre de modération de Nairobi. L’ONG Foxglove réclame à Sama une compensation pour tous les modérateurs de contenu qui ont ou travaillent encore pour la société.
Torture mentale
Cette plainte fait suite à une enquête du Time Magazine publiée en février 2022 et pour laquelle Daniel Motaung, ainsi que plusieurs autres employés ont témoigné. Cette employée, par exemple, décrit le travail comme une véritable torture mentale.
“Je vis au jour le jour. Il m’est impossible de faire des économies. Parfois, j’ai envie de démissionner, mais ensuite, je me demande ce que deviendra mon bébé si je n’ai pas d’argent pour le nourrir”, se plaint-elle.
Toujours selon le Time, deux modérateurs engagés par la société auraient même décidé de quitter leur poste en raison de problèmes mentaux, incluant anxiété, dépression, et même un syndrome de stress post-traumatique. D’autres employés affirment, eux aussi, avoir été ou être traumatisés, mais n’avoir pas eu les moyens de se faire diagnostiquer.
Esclavagisme moderne
D’après les travailleurs de Sama, et d’après la plainte déposée par Daniel Motaung, les candidats aux postes de modérateurs seraient choisis en fonction de leur profil social. Plus ils sont issus de milieux modestes, plus ils seraient susceptibles de se sentir redevables, moins ils seraient enclin à se rebeller en cas de dysfonctionnement, et mieux ce serait pour l’entreprise sous-traitante.
En outre, Daniel Motaung accuse Sama de ne pas accorder de liberté syndicale à ses travailleurs. L’homme était sur le point d’intégrer un syndicat lorsqu’il a été viré, accusé par la société de Nairobi d’intenter des actions qui pouvaient mettre à mal la relation de confiance qu’elle avait avec Facebook. “C’est comme si dire la vérité et faire valoir ses droits était un crime”, commente un autre employé. “Ça se rapproche vraiment à de l’esclavagisme moderne, à du néo-colonialisme.”
Meta se défend
Meta n’a pas tardé à réagir. “Nous prenons au sérieux notre responsabilité envers les personnes qui examinent les contenus pour Meta et exigeons de nos partenaires qu’ils fournissent des salaires, des avantages sociaux et un soutien parmi les meilleurs de l’industrie”, a réagi un porte-parole de Meta. “Nous encourageons les modérateurs à parler des problèmes quand ils surviennent et nous menons régulièrement des audits indépendants pour nous nous assurer que nos partenaires respectent des standards élevés, conformes à nos attentes.”
Pour rappel, ce n’est pas la première fois que l’entreprise de Mark Zuckerberg est dans la tourmente pour sa façon de gérer et d’aider ses employés. En 2018, une ex-employée de Facebook avait porté plainte aux États-Unis pour avoir subi un traumatisme en raison des images violentes auxquelles elle avait été confrontée dans son travail. En 2020, le réseau social a été condamné à verser 52 millions de dollars à ses modérateurs.
Avec 7sur7