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Franc-maçonnerie : Les terribles confessions d’un initié sénégalais

Credit Photo : DR

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Le meilleur moyen d’entretenir un mythe est de conserver son aspect mystérieux, secret, et la franc-maçonnerie, de manière volontaire ou pas, obéit à cette logique. A partir du témoignage d’un initié sénégalais vivant aux Etats-Unis receuilli par Seneweb, laissez-vous aller dans les arcanes de cette société énigmatique qui nourrit moult fantasmes de personnes extérieures désignées par ses adeptes comme des « profanes ».

Installé aux Etats-Unis, plus précisément dans l’Etat du Texas, depuis bientôt 6 ans, Zorobabel Ndiaye (nom d’emprunt) est un étudiant sénégalais d’une vingtaine d’années. Passionné de symboles et de mystères liés à la franc-maçonnerie depuis l’âge de 14 ans, le jeune homme va faire le grand saut dans ce monde grâce à un inconnu rencontré sur son lieu de travail. « En entrant à l’université, ma curiosité grandissait au point où un jour au boulot un patient dont je m’occupe m’en a parlé tout en ignorant que je cherchais à me faire initier, raconte-t-il. C’est ainsi que j’entreprends les démarches près de chez moi, et que je rentre en contact avec un atelier local. Là-bas, je demande une fiche de pétition à remplir ainsi que les pièces à attacher », explique Zorobabel, qui précise avoir été évalué par un comité d’investigation avant d’intégrer une loge située dans le Texas.

Passée cette étape, vient celle de la cérémonie d’initiation qui lui a permis de passer du statut de « profane » (non initié) à celui de franc-maçon. Sur le déroulement de son initiation Zorobabel n’a pas voulu entrer dans le détail, mais confie avoir eu quelques craintes : « J’ai pris un serment de garder secret tout ce qui m’a été présenté et ce que j’ai vu. Je peux tout de même dire que comme tout bon être humain, j’ignorais ce qui se passait, j’étais à la merci des frères à ce moment-là. J’ai ressenti un sentiment de peur de l’inconnu, mais j’étais tout de même fier de pouvoir intégrer une société fraternelle respectable».

Le secret est le sacerdoce des franc-maçons. Pour le cas de Zorobabel Ndiaye, il a fait le choix de ne pas dévoiler son appartenance à une secte à qui que ce soit même à ses proches : « Chacun de nous a un secret qu’il garde en lui, et j’estime que c’est mon secret à moi. Je n’ai aucune intention de le révéler ». Cette décision est sûrement motivée par la perception que la société africaine a de ces sociétés secrètes. D’ailleurs, notre interlocuteur confie avoir eu ce genre d’appréhension au début. Des fantasmes qu’il a pu déconstruire au fur et à mesure des rencontres.

« La Chose est inoffensive, le caractère dépravé de certains hommes la rend foncièrement mauvaise, assure-t-il. Ce n’est ni plus ni moins qu’une association réunissant des hommes moralement justes, les plus charitables, soucieux d’améliorer leur société et leur comportement respectif à l’aide de nos livres de foi respectifs et des outils spéculatifs », glisse Zorobabel en spécifiant que la pratique de la franc-maçonnerie en Afrique souffre quelquefois de l’impact négatif des croyances ancestrales en s’immisçant énormément dans la vie sociale et surtout politique. Chose qui, de l’avis de Ndiaye, nuit à cette pratique et participe grandement à sa diabolisation. Il ajoute, par ailleurs, que des loges mettant en avant des richesses matérielles pour attirer des adeptes sont de « mauvaises organisations ».

Élevé au 7e grade (compagnon de l’arche royale), Z. Ndiaye affirme que ses activités de maçon consistent à être en constante recherche du savoir à travers l’étude de l’ésotérisme et du symbolisme mais aussi en pratiquant avec ses « frères » des actes de bienfaisance. « Nous pratiquons la charité qui est la leçon principale que tout bon Maçon se doit de retenir, nous offrons des bourses d’études, l’assistance aux plus démunis, et le bénévolat dans la communauté, des dîners de gala pour lever des fonds. Les réunions se font une fois par mois pour certaines loges et deux fois par mois pour d’autres. Tout dépend de là où on se trouve ».

Pratiquant le rite de « York » appelé encore rite « américain », Zorobabel affirme que la croyance en un être suprême est la condition sine qua non pour intégrer la franc-maçonnerie. A ce sujet, Z.N précise qu’il est de confession musulmane et pratiquant. En franc-maçonnerie, Dieu, le créateur, le tout puissant est appelé « le grand architecte » et les rites effectués seraient adaptés aux croyances religieuses de chacun des maçons. « Ça peut être Dieu, ou Bouddha ou peu importe, et nous avons le choix de prendre notre serment sur le Livre religieux de notre choix. Dans mon cas, le Coran parce qu’il est la Lumière de ma foi », explique Zorobabel Ndiaye. Il ajoute : « Et à chaque Maçon le devoir lui est incombé de révéler une adoration à son créateur respectif. Il est aussi à préciser qu’aucun Sataniste n’y est admis ».

D’un point de vue personnel, Z. N estime que la franc-maçonnerie lui apporte plusieurs bienfaits et avantages tant au niveau spirituel que professionnel : « Elle m’apporte une amélioration de ma personnalité, une paix profonde et une réconciliation entre mon créateur et moi, une meilleure compréhension du monde et de ce qui l’entoure. Professionnellement, je rencontre des personnes que je n’aurais jamais pu approcher en temps normal ».

Enfin, Zorobabel Ndiaye de préciser qu’une sortie de la franc-maçonnerie est possible à certaines conditions et là encore, le culte du secret n’est jamais bien loin. « On peut démissionner ou se faire exclure, les détails restent un secret, lance-t-il en lâchant un sourire. Des secrets et encore des secrets, c’est l’essence maçonnique. J’ai appris à garder des secrets. Oui, l’on peut sortir de la franc-maçonnerie après avoir commis certaines offenses ou en écrivant à la Grande Loge de sa juridiction sur les motifs. Une fois validé, l’ex maçon est complètement banni », explique-t-il. Des propos qui viennent corroborer les dires de Me Abdoulaye Wade déclarant avoir été franc-maçon dans sa jeunesse avant d’être radié suite à sa démission. Une assertion qui vient balayer ainsi, d’un revers de main la rumeur selon laquelle « la franc-maçonnerie, c’est à vie ! ».