Ce sont de lourdes accusations qui surviennent deux jours après sa nomination au gouvernement. Selon Mediapart, Damien Abad, le nouveau ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, est visé par des signalements pour des faits présumés de viol. Ces derniers ont été adressés à LREM et aux Républicains par l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique, précise le site d’informations.
Les deux victimes présumées, qui ne se connaissent pas, dénoncent des faits qui se seraient produits entre la fin d’année 2010 et début 2011. La première femme explique avoir accepté un dîner avec l’ancien patron des députés LR à l’Assemblée en octobre 2010, face à son insistance et ses demandes répétées. Après avoir bu une coupe de champagne en sa compagnie, elle raconte n’avoir plus aucun souvenir de sa soirée et s’être réveillée dans une chambre d’hôtel en sous-vêtements, avec Damien Abad.
La seconde femme affirme elle aussi avoir fait face à l’insistance du nouveau membre du gouvernement, qui l’aurait dragué pendant plusieurs années. En janvier 2011, elle accepte de passer une soirée avec celui qui est alors député européen. Après avoir été fortement incitée à boire du champagne, selon son récit, elle aurait eu une relation sexuelle consentie dans un premier temps, avant de demander à Damien Abad de s’arrêter. Mais l’élu aurait ensuite insisté pour poursuivre, sans tenir compte de la demande de la plaignante.
« Aucune impunité », promet Borne
Dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse dimanche 22 mai, Damien Abad « conteste avec la plus grande force » les « accusations de violences sexuelles » à son encontre. « Je conteste avoir exercé quelque forme de contrainte que ce soit sur aucune femme. Je conteste enfin tout abus de pouvoir lié aux fonctions que j’ai occupées », indique-t-il. « Les relations sexuelles que j’ai pu avoir tout au long de ma vie ont toujours été mutuellement consenties », ajoute-t-il.
La Première ministre Élisabeth Borne a déclaré dimanche avoir découvert samedi, à la lecture de l’article de Mediapart, les accusations de viols visant son ministre. « Moi j’ai découvert l’article de Mediapart hier, je n’ai pas plus d’éléments que le fait que l’affaire a été classée sans suite. Je peux vous assurer que s’il y a de nouveaux éléments, si la justice est à nouveau saisie, on tirera toutes les conséquences de cette décision », a déclaré la cheffe du gouvernement aux médias en marge d’un déplacement à Thury-Harcourt, dans le Calvados, pour la campagne des législatives de juin.
Élisabeth Borne a affirmé qu’il ne pouvait y avoir « aucune impunité » concernant les violences sexuelles. « Bien évidemment, je n’étais pas au courant. Je vais être très claire : sur tous ces sujets de harcèlement, d’agression sexuelle, il ne peut y avoir aucune impunité et il faut continuer à agir pour que les femmes qui peuvent être victimes d’agression, de harcèlement puissent libérer leur parole, qu’elles soient bien accueillies pour déposer une plainte », a-t-elle dit.
Deux plaintes classées sans suite selon le parquet de Paris
De son côté, le parquet de Paris a confirmé à l’AFP avoir « été destinataire le 20 mai d’un signalement émanant de l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles ». Celui étant « en cours d’analyse », a-t-on ajouté. Les services judiciaires expliquent, par ailleurs, « qu’une première plainte déposée pour des faits de viol a été classée sans suite le 6 avril 2012 du fait de la carence de la plaignante ».
Toujours selon la réponse donnée à l’AFP, une « deuxième plainte déposée par la même plaignante pour les mêmes faits a été classée sans suite le 5 décembre 2017, après une enquête préliminaire, faute d’infraction suffisamment caractérisée ».
Avec Le Point