« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Lorsqu’il écrivait cela au XVIIIe siècle, Antoine Laurent de Lavoisier était sans doute bien loin de penser que cela pourrait un jour s’appliquer aux sextoys.
Si l’on n’en trouve pas encore sur toutes les tables de chevet des Français, le marché du jouet sexuel est en pleine expansion. La mise en circulation de ces millions d’objets, qu’ils soient dotés d’électronique ou pas, pose donc la question de leur recyclage lorsqu’ils sont arrivés en fin de vie.
« Une marque comme la nôtre se doit d’être écoresponsable »
En regardant ses chiffres et en parlant avec la concurrence, Patrick Pruvot, fondateur de la chaîne de love stores Passage du désir, estime que le marché en France représente 250 millions d’euros par an. Une banalisation des objets de plaisir actée par leur arrivée en bonne place dans la grande distribution grâce à Monoprix. Passage du Désir dispose en effet d’un « corner » sextoys dans le supermarché de Paris-Montparnasse. « Une marque comme la nôtre se doit d’être écoresponsable, comme n’importe quelle autre marque d’ailleurs. D’autant que les appareils que nous vendons ont une durée de vie assez courte », explique-t-il.
Les sextoys, comme les appareils de petit électroménager, souffrent en effet d’une obsolescence rapide, « de quelques mois à quelques années», indique Patrick Pruvot. Constitués essentiellement de plastique et embarquant de plus en plus d’électronique et de batteries, ces objets de plaisir ne doivent donc pas être jetés avec le tout-venant. « Trouver un partenaire pour le recyclage n’a pas été facile, les filières habituelles nous regardaient de haut parce que l’idée n’est pas très ragoûtante », concède le patron de Passage du désir. C’est Ecosystem, spécialiste du recyclage d’équipements électroniques et électriques, qui s’est laissé convaincre.
La filière sextoys a donc été montée. Des boîtes de récupérations des appareils usagés ont été disposées dans les magasins de la chaîne. La collecte est ensuite centralisée à Paris avant d’être envoyée chez Ecosystem. Et comme par magie, l’objet sera ensuite transformé en mobilier de jardin ou en pare-chocs de voiture. D’ailleurs cela fonctionne aussi dans l’autre sens, le love store ayant prévu de lancer une gamme de sextoys en matériau recyclé : « Pas à base d’anciens sextoys néanmoins, ça ne passerait pas », reconnaît Patrick Pruvot.
Avec 20minutes