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France / Faute d’anesthésie : le verdict de la justice connu

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“Vous avez demandé leur avis à des gens avec qui j’ai eu des problèmes… Beaucoup d’autres me soutiennent. Ce jour-là, je n’ai pas fait d’erreur.Poursuivi devant le tribunal correctionnel de Toulouse pour des blessures involontaires, le docteur Jean-Jacques Charbonier, 64 ans, préfère l’attaque à la défense.

Le 19 avril 2019 à la clinique Croix-du-Sud, à Escalquens, il a endormi un patient qui devait être opéré par un chirurgien, aidé d’un robot. “J’ai commencé à sentir que l’on me manipulait. Quand ils m’ont passé les trocarts, la douleur est devenue insupportable, horrible ! Je ne pouvais ni bouger, ni parler”, raconte le patient. Un effet du curare administré dans le cadre de l’anesthésie, mais le médecin aurait négligé les antidouleurs et les hypnotiques. Dix-huit mois plus tard, le patient se confie au tribunal : “Physiquement ça va, mais psychologiquement, c’est terrible. Cela me hante toutes les nuits”.

Après l’opération, il a réclamé des comptes à l’anesthésiste, absent de la salle d’opération au moment où le problème est survenu. “Pour satisfaire un besoin naturel”, précise le médecin resté “introuvable” selon un infirmier parti en urgence à sa recherche. Une infirmière anesthésiste, appelée en renfort, a administré des drogues, calmé le patient et permis la suite de l’intervention. Le docteur Charbonier revendique 25 ans d’expérience et lie la difficulté opératoire à une forte chute de tension. “Elle était passée parce que j’ai coupé le gaz anesthésiant. Cela a sauvé la vie du patient…” Mais il a quitté le bloc, sans rouvrir le gaz. Son analyse très personnelle de l’incident n’est pas partagée par ses collègues, dont les témoignages sont détaillés par le président Glavany.

 

Un feu d’artifice de reproches. “Il cherche des excuses au lieu de reconnaître son erreur. C’est navrant”, prévient Me Debuisson, avocat de la victime. Le parquet se concentre sur son départ du bloc opératoire. “Ce défaut de surveillance fonde la poursuite et la faute”, prévient la procureur Alice Cabot-Chaumeton, qui requiert la prison avec sursis et l’interdiction d’exercer.

En défense, Me Philip Cohen, soutenu par Me Romain Scabora, livre une lecture juridique du dossier. “Vous devez le relaxer parce qu’il n’a enfreint aucun texte, aucune directive”, plaide l’avocat. “En réalité, les douleurs évoquées par le patient interviennent avant la sortie du bloc du docteur. Donc il n’y a pas de faute.Le tribunal n’a pas suivi et condamne le médecin à 6 mois de prison avec sursis et un an d’interdiction d’exercice de la médecine. “Avec exécution provisoire “, prévient le président. L’anesthésiste ne peut plus exercer.

source : ladepeche.fr