Interrogé par Ouest-France au sujet de la « campagne anti-française » de certains pays musulmans, le ministre Français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, détaille quatre niveaux d’analyse de la situation.
« La menace [terroriste] a toujours été là depuis 2015 », prévient-il, d’autant qu’elle est aujourd’hui le résultat de quatre éléments, dont le premier niveau est l’acte lui-même : les attaques directement menées par les organisations comme Daech* et Al-Qaïda*, et les actions individuelles inspirées de cette idéologie.
Il dénonce ensuite, au deuxième niveau, « le développement en même temps de campagnes d’injures, de calomnies, d’instrumentalisation, de haine, de la part de dirigeants de certains pays et de certains groupes », nommant le Pakistan, l’Iran et la Turquie.
Selon lui, le troisième niveau d’analyse relève d’une « amplification de ces désinformations et de ces malentendus » sur les réseaux sociaux, lesquels favorisent une « viralité de la haine ».
Enfin, il estime que ces deux derniers éléments conduisent au quatrième, à savoir une instrumentalisation des opinions publiques visant à faire croire que la France et l’Europe rejettent l’islam.
Revenant sur le sujet des récentes critiques de la Turquie, notamment celles d’Erdogan visant directement Emmanuel Macron, Jean-Yves Le Drian affirme qu’Ankara s’attaque ainsi à l’ensemble des valeurs européennes.
«Ce n’est tout simplement pas acceptable et c’est irresponsable. Pensez même que la Turquie a appelé publiquement au boycott contre nous. C’est inadmissible ». Il rappelle par ailleurs qu’un Conseil européen se tiendra à la mi-décembre pour traiter du cas de ce pays. « Il y a sur la table toute une panoplie d’actions possibles, y compris des sanctions, si le comportement turc ne change pas. Tout est sur la table », révèle le ministre.