« Pour les droits sociaux et la liberté. » A travers l’Hexagone, la mobilisation en cours contre la loi « sécurité globale » converge ce samedi avec celle prévue contre la précarité, maintenant la pression sur l’exécutif. Près de 90 rassemblements sont annoncés par les organisateurs dans les villes, grandes et moyennes, de France. A Paris, la manifestation s’est élancée à 14 heures de la Porte des Lilas en direction de la place de la République, sous surveillance après les heurts de samedi dernier près de la Bastille.
Plusieurs milliers de personnes, dont de nombreux « gilets jaunes », ont commencé à défiler dans la capitale. Derrière une banderole proclamant « Liberté, Egalité, Fraternité, pour qui ! » et au milieu de ballons syndicaux, notamment de la CGT, FSU et FO, le défilé se déroulait au milieu des fumigènes et du bruit des pétards, au son notamment de « Tout le monde déteste la police ». La présence policière était conséquente, par crainte de débordements.
Initialement prévue comme un rassemblement syndical contre la précarité, la journée de samedi voit s’agréger la contestation contre les violences policières et la loi « sécurité globale ». Le texte est accusé par ses détracteurs de porter atteinte « à la liberté de la presse, à la liberté d’expression et à la liberté de manifester », et aussi d’instaurer « des outils de surveillance de masse ». La défiance à son encontre a été renforcée par le tabassage filmé du producteur de musique Michel Zecler par des policiers.
Samedi dernier, les « marches » organisées par la « coordination #StopLoiSécuritéGlobale », un collectif de multiples syndicats et associations, dont plusieurs organisations de journalistes, ont fortement mobilisé dans le pays : entre 133.000 personnes, selon le ministère de l’Intérieur, et 500.000 selon les organisateurs.
Face à cette colère, le gouvernement n’a à ce jour annoncé qu’une concession : la réécriture de l’article 24, le plus polémique, encadrant l’image des policiers. La coordination réclame son retrait pur et simple, avec les articles 21 et 22 du texte – relatifs respectivement à l’usage des caméras-piétons et des drones par les forces de l’ordre, et conteste le « nouveau schéma national du maintien de l’ordre » qui limite la couverture médiatique des manifestations.
Accusé de multiplier les mesures « liberticides », Emmanuel Macron a tenu à s’adresser directement aux jeunes, très présents lors des dernières manifestations, dans un entretien accordé au média en ligne Brut vendredi. Le chef de l’Etat a prôné l’apaisement, en dénonçant à la fois les violences de certains policiers et celles commises contre les forces de l’ordre, notamment lors des manifestations de samedi dernier. « Je n’ai pas de problème à répéter le terme de violences policières mais je le déconstruis », car « c’est devenu un slogan pour des gens qui ont un projet politique », notamment « l’extrême gauche » selon lui.
Emmanuel Macron a également expliqué vouloir regarder en face la question des contrôles au faciès. Il a promis le lancement en janvier d’une plateforme nationale de signalement des discriminations, gérée par l’Etat, le défenseur des droits et des associations. Les caméras-piétons pour les policiers seront parallèlement généralisées.
Actes de vandalisme et heurts à Paris
Vingt-deux personnes ont été interpellées samedi en milieu d’après-midi à l’occasion de la manifestation à Paris, émaillée de nombreux actes de vandalisme et heurts entre des centaines de casseurs et les forces de l’ordre, a tweeté le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
De sérieux incidents ont en effet éclaté samedi lors de la marche: des voitures ont notamment été incendiées le long du parcours, a constaté un journaliste de l’AFP. Plusieurs vitrines, dont celles d’un supermarché, d’une agence immobilière et d’une banque, ont également été endommagées par des casseurs sur l’avenue Gambetta, dans le 20e arrondissement.
Certaines villes craignaient de nouveaux débordements violents ce samedi. A Bordeaux et Montpellier, les préfets ont ainsi interdit tout cortège dans l’hypercentre. A Lyon, la manifestation n’est autorisée que sur la rive gauche du Rhône. A Nantes, le défilé est parti de la préfecture, malgré l’opposition des commerçants, qui voulaient qu’il évite le centre-ville.
Journée nationale contre le chômage et la précarité
Les « marches des libertés » de ce samedi ont été rebaptisées « des libertés et des justices », car elles vont souvent se tenir « en convergence avec les actions menées dans le cadre de la journée nationale contre le chômage et la précarité ». Chaque premier samedi de décembre, la CGT se mobilise partout en France pour soutenir les précaires et les chômeurs. Elle le fera cette année avec d’autres syndicats, mobilisés dans ce contexte sanitaire et social difficile.
Avec 20 minutes