La police nationale ouvre, ce lundi après-midi, un compte sur le réseau social Snapchat, très utilisé par les jeunes.
Il y a quelques semaines encore, Anthony était enquêteur au sein d’un service de police judiciaire. Mais depuis ce lundi après-midi, cet agent de 34 ans a laissé tomber les filatures et les surveillances pour devenir le nouveau visage de la police nationale sur les réseaux sociaux. Ses anciens collègues l’ont traité de « fou » quand il leur a annoncé qu’il avait sauté sur « l’opportunité » d’animer le compte Snapchat de l’institution. Objectif : « Toucher un autre public », « communiquer auprès des jeunes » et « donner une bonne image de la police », explique celui qui l’a intégrée il y a 14 ans.
Chaque semaine, Anthony va se rendre, en compagnie d’un cameraman, aux quatre coins de la France pour « montrer ce que font les policiers dans leur service ». De son « immersion », il réalisera un « mini-reportage » d’une ou deux minutes au ton volontairement « décalé » pour s’adresser aux jeunes utilisateurs du réseau social. « Je n’ai pas peur de faire un peu d’humour », sourit-il. A travers ces vidéos, Anthony entend donner la parole à ses collègues, qui sont « professionnels, intègres et qui bossent bien ». Des policiers « normaux » qu’il qualifie de « héros du quotidien ».
« Souci d’image »
Il compte également interagir avec les jeunes et répondre à leurs questions. Car même s’il est passionné par son métier, Anthony reconnaît volontiers que la police, secouée récemment par plusieurs affaires, souffre d’un « souci d’image ». « La police ne se résume pas aux caricatures que l’on entend parfois », estime le contrôleur général Michel Lavaud, porte-parole de l’institution. « Nous sommes fiers de nos agents et nous nous inscrivons en faux face aux raccourcis », ajoute-t-il, précisant qu’il faut davantage « montrer, expliquer et partager l’humanité et les techniques de notre métier ».
Dans le Livre blanc sur la sécurité intérieure, publié fin 2020, le ministère de l’Intérieur estimait que la défiance de la population envers la police s’expliquait surtout par mauvaise connaissance des missions des fonctionnaires. Les auteurs du document soulignaient la nécessité de mieux « faire connaître et valoriser l’action des forces de l’ordre pour ne pas laisser le champ libre aux mises en cause dont elles font de plus en plus systématiquement l’objet ». Quelques semaines plus tard, le lancement de ce compte Snapchat semble répondre à cette demande.
Un public « qui ne nous connaît pas ou assez mal »
« Toutes les institutions veulent valoriser leur image », observe Michel Lavaud. La police, dit-il, doit aussi être présente dans « l’arène digitale ». Depuis 2010, elle a investi Twitter, Facebook et même Instagram. « Les réseaux sociaux sont liés aux communautés et aux générations, observe le porte-parole de la police. En France, deux jeunes adultes sur trois utilisent Snapchat ». Il s’agit d’un public « qui ne nous connaît pas ou assez mal », et qui pourrait être gagné, en regardant ces vidéos, par l’envie d’intégrer l’institution.
Aucun objectif d’audience n’a été fixé, assure-t-il. « Notre seul but, c’est de produire des vidéos de qualité », insiste Michel Lavaud. « C’est un formidable défi, on part de zéro », complète Anthony. Il remarque néanmoins que « les trois quarts des comptes Snapchat lancés par des institutions n’ont pas survécu. On essaie de comprendre pourquoi ». Lui et son cameraman, un ancien youtubeur, ont commencé à parcourir le pays pour rencontrer d’autres policiers. A terme, ils aimeraient diffuser sur Snapchat deux vidéos par semaine.
Avec 20 minutes