On en sait de plus en plus sur l’auteur de la décapitation du professeur d’histoire-géographie à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). Selon les sources proches de l’enquête, citées par Le Figaro, l’homme serait un « réfugié ».
Le procureur national antiterroriste, Jean-François Ricard, a lui aussi confirmé l’information lors d’une conférence de presse samedi après-midi. Le terroriste islamiste possédait « une carte de séjour de dix ans délivrée il y a six mois environ », soit en mars dernier, a précisé le procureur. Ce document aurait été retrouvé à côté d’Abdoullakh A.
Cette carte de séjour lui avait été délivrée en mars dernier grâce à la Cour nationale du droit d’asile – qui avait décidé en 2011 d’accorder le statut de réfugié en France à Abdoullakh A. et sa famille.
Comme le relate Le Point, si la justice avait suivi l’administration, la famille du terroriste aurait fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire… Un haut fonctionnaire a d’ailleurs discrètement glissé au journal : « La justice a obligé l’État à donner le statut de réfugié à cette famille. »
Il a poursuivi : « Comme il a obtenu la protection de l’État en 2011, le permis de séjour lui a été accordé automatiquement à sa majorité ». Faisant d’Abdoullakh A., un individu en situation régulière en France.
L’homme a été neutralisé vendredi en début de soirée par les forces de l’ordre à Eragny (Val-d’Oise). Les agents lui avaient ordonné de s’allonger et de se mettre au sol. Mais l’assaillant avait préféré tirer dans leur direction avec une arme à « billes » et semblait tenter de s’enfuir. Les policiers avaient alors fait feu à plusieurs reprises pour le neutraliser.
Le tueur vivait à Evreux avec sa famille. Il aurait déjà réagi à la campagne sur les réseaux sociaux contre le professeur de Conflans, Samuel Paty. Comme le relaye Le Figaro, Abdoullakh A. était très en colère et en avait parlé à sa famille et ses amis.
Plusieurs d’entre eux sont d’ailleurs en garde à vue afin d’établir s’ils pourraient être d’éventuels complices. Les policiers sont toujours en train de se renseigner si Abdoullakh A. aurait reçu de l’aide.
Une personne l’aurait en effet conduit d’Eragny jusqu’à Evreux en voiture… Pour rappel, Abdoullakh A. était de nationalité russe, de confession musulmane – né à Moscou en 2002 – et d’origine tchétchène, selon les précisions du procureur national antiterroriste. Il était connu des services de police pour des faits de droit commun. Il n’était en revanche pas fiché S.
Débat et menaces de mort
Tout aurait commencé il y a une dizaine de jours par un débat sur la laïcité organisé par le professeur, dans sa classe au collège Bois d’Aulne de Conflans-Saint-Honorine.
Au cours de ce débat, le professeur a montré aux élèves des caricatures de Mahomet, notamment, d’après Le Point, celles publiées par Charlie Hebdo. Si le professeur d’histoire avait permis aux élèves gênés de quitter la pièce, son débat sur la liberté d’expression aurait néanmoins provoqué la colère de plusieurs parents d’élèves de familles musulmanes.
Après des jours de crispations entre l’établissement et la famille, une note précisait lundi que la tension semblait être retombée mais insistait sur le profil d’un homme – qui n’avait pas d’enfant scolarisé dans l’établissement – particulièrement énervé. Le professeur, d’après un parent d’élève cité par le Parisien, se savait menacé de mort sur les réseaux sociaux.