Après les « Panama Papers » ou les « China Cables », c’est au tour de l’entreprise des Etats-Unis Uber de se retrouver dans le giron du Consortium international des journalistes d’investigation. Dimanche, l’organisation a publié les « Uber Files », provoquant une onde de choc jusque dans l’exécutif français. Mais de quoi s’agit-il ? Pourquoi Emmanuel Macron est-il cité ?
C’est quoi les « Uber Files » ?
The Guardian, un quotidien britannique, a obtenu et partagé avec le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) quelque 124.000 documents, datés de 2013 à 2017, comprenant des e-mails et messages des dirigeants d’Uber à l’époque, ainsi que des présentations, notes et factures.
Quelles pratiques sont reprochées à Uber ?
Les « Uber Files » dévoilent des pratiques à la limite de la légalité, notamment le « kill switch ». Il s’agit d’un blocage d’urgence des données de l’entreprise afin d’éviter que la police n’ait accès à ces informations en cas de perquisition. La firme états-unienne cherchait notamment à garder sa liste de chauffeurs anonyme. Les « Uber Files » dévoilent aussi des méthodes brutales et publient des messages de l’ancien patron Travis Kalanick alors que l’entreprise encourageait les chauffeurs à manifester à Paris.
Pourquoi Emmanuel Macron est-il pointé du doigt ?
Le chef de l’Etat, ministre de l’Economie de 2014 à 2016, aurait passé un « pacte secret » avec la société américaine. Nos confrères du Monde révèlent, SMS et comptes rendus de réunions à l’appui, l’existence d’une relation privilégiée entre Uber et Emmanuel Macron. Au moins 17 échanges « significatifs » ont eu lieu entre le président ou ses proches conseillers et les équipes d’Uber, affirme Le Monde.
Certaines pratiques destinées à aider Uber à consolider ses positions en France, comme le fait de suggérer à l’entreprise de présenter des amendements « clefs en main » à des députés, sont aussi pointées du doigt.
Ainsi, la loi dite Macron 2 aurait été pensée partiellement pour l’entreprise américaine : certains décrets ont été pensés spécialement pour la firme comme la suppression des 250 heures de formation nécessaire pour devenir chauffeur et remplacée par une seule journée de formation. D’après le quotidien Le Monde, « plus qu’un soutien, Emmanuel Macron a été quasiment un partenaire ». La société Uber France a confirmé la tenue de réunions mais assure que ces rencontres « relevaient de ses responsabilités en tant que ministre de l’Économie et du Numérique supervisant le secteur des VTC ».