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France : un enfant torturé et noyé près de Nantes

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Que s’est-il passé le 11 janvier 2017 à Saint-Herblain, jour où le petit David a été retrouvé mort noyé, les pieds attachés, dans la baignoire ? Au premier jour du procès de la mère et le beau-père du petit garçon de 8 ans devant la cour d’assises de Loire-Atlantique, les circonstances du drame restent encore très floues. « J’ai fait une très grosse bêtise, c’est pour cela que je suis ici, a répondu l’accusé quand la présidente de la cour, Karine Laborde, lui a demandé comment il présentait la situation à ses deux plus grands enfants. Je leur ai toujours dit que quand on en fait une, il faut être puni… ».

Avant d’aborder dans les prochains jours la terrible « punition de la baignoire » infligée à David, la cour s’est intéressée à la personnalité de la mère et du beau-père de l’enfant, Eunice K. et Guy-Roland D., âgés de 29 et 35 ans. Le franco-ivoirien, qui s’exprime calmement avec un vocabulaire soutenu, a grandi dans une famille « aimante et privilégiée » d’Abidjan, malgré une « éducation très stricte », ponctuée par « des coups de ceintures et douches froides ». D’un milieu modeste, très croyante, Eunice raconte aussi « les coups » de son père, puis de son conjoint, le père de David, qui la « séquestre ». « J’étais très soumise », avoue-t-elle.

 Après une première relation, qui a donné naissance à deux enfants qu’il continue de voir, Guy-Roland rencontre Eunice via Instagram en 2014. A l’époque, la mère célibataire de 25 ans vient d’accoucher d’un petit garçon. Son premier fils, David, vit en Côte-d’Ivoire chez sa grand-mère depuis son départ en France pour ses études. « Ma mère trouvait que j’étais trop jeune pour le prendre avec moi… ».

Ensuite, tout va très vite : sans ressource, Eunice et son bébé s’installent dans l’appartement de Saint-Herblain. Guy-Roland a un « coup de foudre » pour cet enfant et cette femme, et le couple a vite pour projet de réunir la famille. Entre-temps, un petit garçon naît de leur union. « J’étais merveilleusement bien, je me sentais prêt à m’engager, raconte l’homme depuis le box vitré, un masque qui pend de son oreille. C’était logique que j’apprenne à connaître David qui pour moi était aussi mon fils.

« Je l’aimais autant que les autres ».

Sauf qu’en rentrant en France, en août 2016, la réalité est toute autre. Le petit garçon, qui n’avait pas vu sa mère depuis quatre ans et ne connaît pas ses frères, est perdu et a des difficultés scolaires. Le contact ne passe pas, il pleure et réclame sa grand-mère, qu’il appelle « maman ». Le beau-père est souvent absent, en Afrique pour un projet professionnel. « J’avais l’impression que David ne m’aimait pas. Il prenait plaisir à me défier, à ne pas vouloir faire les punitions, explique-t-il. Les autres enfants étaient ultra affectueux, pas lui… » Les tensions se font sentir dans le couple, il y a des cris. D’autant que Guy-Roland avoue à Eunice qu’il attend des jumeaux, fruit d’une relation extra-conjugale. Un mois avant le drame, « débordée », elle pense à quitter le foyer.

 Toute la semaine, devant le père et la tante de l’enfant qui se sont constitués parties civiles, les accusés vont être amenés à raconter leurs versions, opposées, de ce qui s’est passé le 11 janvier. Lors de la dernière audition de la mère de David, cette dernière a indiqué que c’est Guy-Roland qui aurait attaché l’enfant à l’aide d’une corde puis qui lui aurait maintenu la tête sous l’eau froide. Le beau-père, lui, a avancé que l’idée de la punition émanait de sa compagne, laquelle aurait déposé l’enfant dans le bain avant de le frapper sur tout le corps.

Les deux accusés sont aussi jugés pour des actes de torture et de barbarie à répétition, comme « des coups à mains nues, à l’aide d’objets, des humiliations, ou encore des privations de nourriture ». « Je me sens coupable de ne pas avoir agi, de ne pas avoir su comment demander de l’aide », sanglote la mère de famille, derrière ses lunettes.

Le verdict est attendu vendredi.

Avec 20minutes