France : victoire de l’opposition ; le gouvernement annonce la suspension de la tant détestée réforme des retraites

suspension de la réforme des retraites France - Le premier ministre Sebastien Lecornu à l'assemblée nationale

Crédits photo : Photo par THOMAS SAMSON / AFP

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Après des semaines de crise politique en France, le Premier ministre a annoncé ce mardi 14 octobre 2025 la suspension de l’impopulaire réforme des retraites de 2023, un préalable réclamé par les socialistes pour ne pas faire tomber le gouvernement.

Lors de son très attendu discours de politique générale, Sébastien Lecornu a annoncé qu’il allait proposer au Parlement la suspension de la réforme des retraites « jusqu’à l’élection présidentielle ».

La suspension de cette loi emblématique du deuxième mandat du président Emmanuel Macron, adoptée sans vote au Parlement pour repousser l’âge de départ légal à 64 ans, est au cœur des tractations politiques en France depuis plusieurs semaines.

Cette mesure est réclamée de longue date par le Parti socialiste, dont les voix sont cruciales pour éviter un renversement du gouvernement et la probable tenue de nouvelles élections législatives anticipées.

Signe de l’importance que revêt cette question pour le bon fonctionnement de la démocratie française, le nouveau prix Nobel d’économie français Philippe Aghion, tout juste primé lundi à la mi-journée, avait plaidé le soir pour que la réforme des retraites soit « stoppée » jusqu’à la prochaine présidentielle de 2027.

La France traverse une période inédite d’instabilité politique depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, qui a abouti à une chambre sans majorité, divisée entre la gauche, le centre droit et l’extrême droite.

« Certains aimeraient voir cette crise parlementaire virer à la crise de régime. Cela n’aura pas lieu », a déclaré mardi M. Lecornu.

La suspension de la réforme des retraites coûtera « 400 millions d’euros en 2026 et 1,8 milliard en 2027 » et devra donc être « compensée par des économies », a prévenu le Premier ministre devant l’Assemblée nationale.

Dans son discours sobre d’une demi-heure, il a également confirmé l’abandon de l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution, procédure qui permet l’adoption d’un texte sans vote, autre demande des socialistes, qui avaient prévenu qu’ils déposeraient une motion de censure dès mardi soir sans réponse claire du gouvernement à leurs demandes.

« Anomalies » fiscales 

Le Premier ministre a vu son projet de budget de l’État pour 2026, qui doit être adopté d’ici le 31 décembre, entériné mardi matin lors du premier Conseil des ministres du gouvernement Lecornu II.

Alors que la France croule sous une dette de 3 300 milliards d’euros (115 % du PIB), ce budget prévoit 30 milliards d’euros d’économies, selon un avis du Haut Conseil des finances publiques, consulté mardi matin par l’AFP.

Le déficit public « est réduit à 4,7 % » du PIB dans ce texte et devra « être à moins de 5 % à la fin de la discussion » au Parlement, a réaffirmé mardi le Premier ministre devant l’Assemblée nationale.

Mardi matin, le Haut Conseil des finances publiques avait toutefois prévenu que le projet de budget reposait sur des hypothèses de croissance un peu trop « optimistes ». La cheffe de file de l’extrême droite, Marine Le Pen, l’a, elle, jugé « terriblement mauvais ».

Autre gage donné aux socialistes, qui réclament une mesure de justice fiscale : Sébastien Lecornu a reconnu « des anomalies » dans la fiscalité des très grandes fortunes, souhaitant « une contribution exceptionnelle » des Français les plus riches dans le prochain budget.

La France insoumise (gauche radicale) et le Rassemblement national (extrême droite) ont d’ores et déjà déposé des motions de censure, qui seront examinées jeudi à l’Assemblée nationale, ont affirmé mardi des sources parlementaires à l’AFP.

Elles n’ont guère de chance d’être adoptées, le Parti socialiste ayant fait savoir qu’il ne voterait pas des textes venant de ces deux formations.

Si le Parlement français ne parvient pas à voter un budget pour 2026, « les seuls qui se réjouiraient d’une crise ne sont pas les amis de la France », a encore mis en garde le Premier ministre.

© Agence France-Presse

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