Des frappes israéliennes au Qatar à l’intrusion de drones russes en Pologne, des alliés américains de longue date n’ont pu que constater ces derniers jours qu’avec Donald Trump, réélu avec la promesse de faire de la défense des intérêts américains sa priorité absolue, l’amitié a ses limites.
Mardi, le Qatar, allié majeur de Washington qui accueille la plus grande base militaire américaine au Moyen-Orient, a vu Israël mener des frappes aériennes sur son territoire ciblant des responsables du mouvement islamiste palestinien Hamas.
Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, proche de la base partisane trumpiste, a décidé de cette attaque malgré la proximité américaine avec Doha – qui a même offert à Donald Trump un avion destiné à devenir Air Force One.

S’il s’est dit « très mal à l’aise » avec le bombardement israélien à Doha, le président américain a expliqué que les Etats-Unis en avaient eu connaissance trop tard pour le stopper.
Mercredi, la Russie de Vladimir Poutine, qui n’a jusque-là rien cédé aux efforts diplomatiques de Donald Trump qui l’a pourtant réinstallé sur la scène internationale, a provoqué de vives protestations des pays européens de l’Otan après l’intrusion d’une vingtaine de drones dans l’espace aérien polonais.
Donald Trump – qui recevait le président polonais à la Maison Blanche une semaine plus tôt – a jugé que Moscou avait peut-être commis une « erreur ».
« Le cadre, c’est faiblesse, chaos et vanité », résume Damian Murphy, ancien assistant parlementaire devenu un des dirigeants du laboratoire d’idées progressiste Center for American Progress, spécialiste en politique internationale et sécurité nationale.
« Netanyahu et Poutine, sentant une faiblesse, cherchent à tirer profit de la situation, et s’en tirent d’une manière dont ils ne devraient pas pouvoir », considère-t-il.
Plus le « gendarme du monde »
Au-delà, la réalité géopolitique contredit la revendication répétée de Donald Trump selon laquelle Vladimir Poutine n’aurait pas envahi l’Ukraine en 2022 si lui, et non Joe Biden, avait été président à ce moment-là, estime Damian Murphy. « Nous voyons de plus en plus d’Etats à travers le monde qui perçoivent une faiblesse et testent l’administration » Trump, observe-t-il.
Donald Trump et ses conseillers insistent sur le fait qu’ils font des intérêts américains la priorité N.1 et réduisent ce qu’ils considèrent comme des engagements inutiles et coûteux pris depuis des décennies, ce qui contraste fortement avec l’engagement de Joe Biden de privilégier les alliances.
Sur le plan économique, Donald Trump a par exemple décidé de sanctionner par des droits de douane très élevés l’Inde pour ses acquisitions de pétrole russe, quand la démocratie asiatique, vue par Washington comme un contrepoids à la puissance chinoise, était courtisée depuis des décennies par républicains comme démocrates.
Pour la Russie comme pour Israël, « il y a une perception que Trump va laisser certaines actions impunies », analyse Paul Poast, politologue à l’université de Chicago, spécialiste des alliances.
Netanyahu évalue le soutien de Trump à toute épreuve et Poutine estime qu’il peut « repousser les limites », le président américain espérant toujours parvenir à un accord, poursuit-il.
Dans un monde traversé par plus de conflits que jamais depuis la Seconde Guerre mondiale, l’universitaire voit dans ces événements « des signes d’une tendance beaucoup plus large, à savoir que Etats et autres acteurs s’enhardissent à mener des actions militaires et à s’engager dans des conflits parce que l’engagement américain n’est plus au niveau lui permettant d’être le gendarme du monde ».
Avec AFP