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Gambie : les dépouilles de militaires exhumées 24 ans après un coup d’Etat manqué

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Les dépouilles de militaires gambiens exécutés lors d’un putsch manqué il y a vingt-quatre ans ont été exhumées près de Banjul, a fait savoir, mercredi 17 avril, la Commission vérité, réconciliation et réparations (TRRC Truth Reconciliation and Reparations Commission), qui enquête sur les crimes commis pendant les vingt-deux ans du régime du président Yahya Jammeh (1994-2016).

En cours depuis deux semaines dans la caserne de Yundum, une petite ville située au sud de Banjul, les fouilles ont mis au jour, en présence de proches, « les cadavres de sept victimes qui sont supposées être des officiers de l’armée gambienne tués pendant les incidents du 11 novembre 1994 », a détaillé la TRRC dans un communiqué.

Le 11 novembre 1994, des militaires avaient pris part à une tentative de coup d’Etat visant à renverser le capitaine Yahya Jammeh, trois mois après que celui-ci eut pris le pouvoir par la force en Gambie. La tentative avait été avorté et plus de 20 putschistes présumés avaient été tués dans deux casernes de Banjul et dans la forêt le même jour.

« Sept crânes » ont notamment été retrouvés, a déclaré à l’Agence France-Presse le secrétaire général de la Commission, Baba Galleh, qui a ajouté s’attendre à d’autres découvertes.

« On ne peut pas dire qui est qui, mais sept personnes étaient enterrées », a expliqué un enquêteur, Thomas Gomez.

« Sept sous-vêtements ont également été retrouvés, ce qui veut dire qu’ils étaient à moitié nus quand on les a mis dans la tombe. »

Ces exécutions avaient été supervisées par le no 2 du régime, le lieutenant Sana Sabbally, et ses hommes, sur ordre de Yahya Jammeh, ont récemment déclaré des témoins devant la TRRC.

La Commission, lancée en octobre 2018 dans ce petit pays anglophone d’Afrique de l’Ouest, dispose de pouvoirs d’enquête et pourra, au terme de ses travaux prévu dans deux ans, recommander des poursuites ou des réparations, mais ne prononcera pas de condamnations.

Les défenseurs des droits humains ont accusé le régime de Yahya Jammeh d’actes systématiques de torture contre des opposants et des journalistes, d’exécutions extrajudiciaires, de détentions arbitraires et de disparitions forcées.

M. Jammeh est parvenu au pouvoir par un putsch sans effusion de sang, en juillet 1994. Il s’était fait largement élire et réélire sans interruption jusqu’à sa défaite, en décembre 2016, face à l’opposant Adama Barrow. Après six semaines d’une crise provoquée par son refus de céder le pouvoir, il a finalement dû quitter le pays le 21 janvier 2017 pour la Guinée équatoriale à la suite d’une intervention militaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et d’une ultime médiation guinéo-mauritanienne.