Ce mercredi 14 juillet 2021, les tribunaux en Gambie ont condamné à la pendaison un ancien membre de la junte de l’ex-président Yahya Jammeh pour le meurtre du ministre des Finances Ousman Koro Ceesay, une sentence qui a peu de chances d’être exécutée en raison d’un moratoire sur la peine de mort, rapporte Africanews.
Yankuba Touray, lui-même plusieurs fois ministre de Yahya Jammeh, a été reconnu “coupable du meurtre d’Ousman Koro Ceesay”, retrouvé carbonisé dans sa voiture officielle en juin 1995. Cette peine de mort doit être exécutée “par pendaison”, a déclaré le juge de la Haute cour de Banjul, Ebrima Jaiteh.
Selon la législation gambienne, le meurtre est passible de la peine de mort. Mais l’actuel président Adama Barrow a décrété en 2018 un moratoire sur la peine capitale, appliquée pour la dernière fois sous son prédécesseur Yahya Jammeh en 2012, lorsque neuf soldats avaient été fusillés.
Les avocats de Yankuba Touray ont immédiatement indiqué qu’ils feraient appel de sa condamnation. Il avait été arrêté en mars 2019 à la suite de l’audition par la Commission vérité et réconciliation (TRRC) de l’ex-sergent Alagie Kanyi. Devant la Commission, ce dernier avait reconnu avoir participé au meurtre de soldats en novembre 1994 et à celui du ministre des Finances Ousman Koro Ceesay.
Yankuba Touray, membre de la junte de Yahya Jammeh lors de son accession au pouvoir, avait pour sa part, refusé de répondre aux questions de la Commission. En janvier dernier, la justice gambienne a décidé qu’il n’était protégé par aucune immunité, ouvrant la voie à son procès dont les défenseurs des droits humains espèrent qu’il fera jurisprudence dans le cas de l’ancien despote lui-même.
Féroce répression
Arrivé au pouvoir en 1994 dans ce petit pays anglophone d’Afrique de l’Ouest par un coup d’Etat, Yahya Jammeh a dirigé pendant 22 ans un régime de féroce répression, marqué par des cas de tortures, de viols et d’exécutions extra-judiciaires. Il a été poussé à s’exiler en Guinée-Equatoriale en janvier 2017, cédant à une intervention militaire africaine après avoir rejeté sa défaite à la présidentielle face à l’opposant Adama Barrow.
La Commission vérité et réconciliation, mise sur pied par le nouveau pouvoir pour examiner les crimes commis sous le régime de Yahya Jammeh, a achevé ses auditions en juin après avoir entendu pendant deux ans des centaines de témoins, dont d’anciens responsables civils et militaires et d’ex-membres d’un escadron de la mort personnel de l’ex-président, les “junglers”.
La Commission, qui devrait soumettre son rapport au président Barrow dans les prochaines semaines, peut recommander des poursuites mais n’a pas le pouvoir de prononcer de condamnations. Adama Barrow a fait savoir de longue date qu’il attendrait les recommandations de la Commission pour éventuellement réclamer des poursuites contre son prédécesseur.