La présidence du Ghana a démenti mardi soir avoir interféré dans le travail de l’ex-procureur anti-corruption qui avait accusé lundi le chef de l’Etat d’avoir tenté de lui faire enterrer un rapport explosif.
“Tout au long de votre mandat en tant que procureur spécial, ni le président ni aucun membre de son gouvernement ne s’est ingéré ou n’a cherché à interférer avec votre travail”, a répondu mardi soir la présidence à l’ancien procureur dans une lettre de neuf pages.
La veille, le procureur anti-corruption au Ghana, Martin Amidu avait démissionné en affirmant “qu’il n’était plus en mesure d’exercer en toute indépendance”.
Cette démission intervient trois semaines avant l’élection présidentielle, prévue le 7 décembre. L’actuel président Nana Akufo-Addo, candidat à sa réélection, affrontera l’ancien chef d’Etat John Mahama dans un scrutin qui s’annonce serré.
Dans sa lettre de démission, M. Amidu a notamment accusé le président Nana Akufo-Addo d’avoir tenté de lui faire enterrer un rapport explosif concernant une société offshore créée par le gouvernement pour gérer les redevances minières du pays, premier producteur d’or en Afrique.
Cette société devait entrer à la Bourse de Londres en septembre et permettre de lever 500 millions de dollars (421 millions d’euros). Mais son introduction sur les marchés avait été suspendue après que des organisations de la société civile ont dénoncé des risques de corruption.
“À aucun moment, le président ne vous a demandé de mettre le rapport de côté”, rétorque le secrétaire de la présidence Nana Bediatuo Asante dans cette lettre.
Au contraire, “le Président a accepté les observations que vous aviez formulées” dans ce rapport et “y a donné suite en adressant des directives aux fonctionnaires du Ministère des finances et du Bureau du Procureur général”, a-t-il ajouté.
Le rapport sur la société offshore avait finalement été publié il y a deux semaines et le gouvernement avait annoncé qu’il repoussait l’entrée en bourse de cette société au lendemain de la présidentielle.
La nomination de Martin Amidu par le président Akufo-Addo en février 2018 avait suscité l’espoir au Ghana, pays considéré comme étant un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest, mais où la corruption demeure un problème persistant.