Les partisans des deux rivaux de la présidentielle ghanéenne sont dans l’attente des résultats du scrutin marqué par la mort de cinq personnes dans des incidents “isolés” dans ce pays érigé en modèle démocratique en Afrique de l’Ouest. La Commission électorale a pour l’instant publié les résultats de 11 régions sur 16, plaçant le président sortant Nana Akufo-Addo, du Nouveau parti patriotique (NPP), légèrement en tête devant son prédécesseur John Mahama, du Congrès national démocratique (NDC).
Ce mardi, le candidat de l’opposition, John Mahama, a dénoncé des fraudes électorales présumées. “Une partie de ce qui se passe est inacceptable et Nana Akufo-Addo continue de montrer des attitudes antidémocratiques“.
Et d’accuser son rival d’utiliser l’armée pour tronquer le verdict des urnes. “Vous ne pouvez pas utiliser l’armée pour essayer de changer certains résultats obtenus dans les circonscriptions que nous avons gagnées. Nous résisterons à toute tentative de changement de la volonté souveraine du peuple ghanéen.”
Mardi, la présidence a publié des estimations de résultats portant sur 91% des bureaux de vote, et donnant le chef de l’Etat sortant vainqueur avec 52,25% des voix, contre 46,44% pour John Mahama, contrairement aux protocoles en vigueur qui stipulent que seule la Commission électorale est habilitée à annoncer les résultats et proclamer le vainqueur.
Violences post-électorales
La tournure prise par les événements surprend à plus d’un titre. De quoi se demander si Accra ne vient pas à son tour d’être infecté par le virus des violences post- électorales devenu endémique sur le continent.
Les deux candidats Nana Akufo-Addo et John Mahama s’étaient engagés en effet à préserver la stabilité dans le pays. Ces deux vieux adversaires s’affrontent pour la troisième fois, avec lors des deux précédents scrutins des résultats serrés. En 2012, John Mahama l’avait emporté avec 50,7% des voix, puis en 2016 ce fut Nana Akufo-Addo avec 53,8%.
L’actuel chef de l’Etat bénéficie d’un bilan plutôt positif sur le plan diplomatique et social, avec la création de lycées gratuits et un meilleur accès à l’éducation pour tous. Mais le chômage des jeunes a été un enjeu central dans cette campagne. Plus de la moitié des électeurs ont moins de 35 ans.
Depuis les années 2000, ce pays riche en or, cacao et plus récemment pétrole, a connu une des plus fortes croissances au monde. Mais certaines régions continuent de vivre dans le plus grand dénuement, et la crise provoquée par le coronavirus a durement touché le pays, dont la croissance cette année devrait tomber à 0,9%, selon le FMI (soit le taux le plus bas depuis plus de 30 ans).
Avec Africanews