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Guerre en Ukraine : l’usage du terme “génocide” divise les dirigeants occidentaux

Crédit Photo : L'Orient-Le Jour

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Joe Biden a accusé la Russie de “génocide” en Ukraine. D’autres restent prudents sur l’usage de ce mot alors que certains le refusent totalement, préférant alors parler de “crimes de guerre”.

C’est une question qui ne fait pas l’unanimité. Ce mercredi, Volodymyr Zelensky a dénoncé des propos “très blessants” après le refus d’Emmanuel Macron d’employer le terme de “génocide” pour qualifier la situation en Ukraine, notamment concernant le massacre de Boutcha ou encore les attaques de Marioupol.

Le président ukrainien accuse la Russie de commettre un génocide dans son pays puisque, selon lui, elle entend éliminer “toute la nation” ukrainienne. Il a employé ce mot pour la première fois début avril, au lendemain de la découverte de nombreux corps de civils dans les rues de Boutcha, après le départ des troupes russes. Depuis, Volodymyr Zelensky reprend régulièrement ce terme.

Ces dirigeants qui emploient le mot “génocide”

Premier pays à se rallier à cette rhétorique : la Pologne, qui se montre très solidaire à l’égard de son voisin depuis le début de l’invasion russe. Le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a déclaré que “les massacres sanglants commis par les soldats russes méritent d’être appelés par leur nom. C’est un génocide, et il doit être jugé”.

Mais la prise de position qui a fait le plus de bruit est venue de l’autre côté de l’Atlantique. Ce mardi, Joe Biden a surpris tout le monde en parlant de “génocide”, alors qu’une semaine plus tôt, il contournait l’obstacle pour parler plutôt de crime de guerre. “Votre pouvoir d’achat, votre capacité à faire le plein – rien de tout cela ne devrait dépendre du fait qu’un dictateur déclare la guerre et commette un génocide à l’autre bout du monde”, a-t-il déclaré lors d’un déplacement consacré à la lutte contre l’inflation.

“J’ai parlé de génocide parce qu’il est de plus en plus clair que Poutine essaie d’effacer l’idée même d’être Ukrainien”, a-t-il précisé plus tard auprès de CNN. Une déclaration qui a fait beaucoup réagir, notamment du côté de Moscou qui a jugé “inacceptable” de tels propos. Volodymyr Zelensky, quant à lui, a décrit Joe Biden comme “un vrai leader” qui “appelle les choses par leur nom”.

Ceux qui restent prudents

D’autres dirigeants occidentaux prennent davantage de pincettes mais abondent dans le même sens. “Des instances internationales vont déterminer officiellement [ce qu’il se passe en Ukraine], mais c’est sûr qu’on peut de plus en plus parler de génocide”, a déclaré le Premier ministre canadien, Justin Trudeau.

Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, a affirmé début avril que l’Occident devait faire tout ce qui était en son pouvoir pour que les responsables de “ces cas présumés de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre et – pourquoi ne pas le dire aussi – de génocide” ne restent pas impunis.

Outre-Manche, Boris Johnson, lui, estime également que le comportement de la Russie en Ukraine “n’est pas loin de constituer un génocide”. Toutefois, le Royaume-Uni n’utilise pas officiellement ce terme, jugeant que seul un tribunal peut procéder à une telle qualification.

Ceux qui le refusent

“Je ne suis pas sûr que l’escalade des mots serve la cause”. Interrogé sur cette problématique, Emmanuel Macron a refusé de qualifier de “génocide” les exactions russes en Ukraine, estimant qu’il fallait “rester prudent” sur l’utilisation de ce mot. Je serais prudent avec de tels termes aujourd’hui car ces deux peuples [Russes et Ukrainiens] sont frères”, a commenté le chef de l’Etat.

“Je dirais que la Russie a déclenché d’une manière unilatérale une guerre brutale, qu’il est maintenant établi que des crimes de guerre ont été faits par l’armée russe et qu’il faut maintenant en trouver les responsables”, a-t-il détaillé sur France 2.

Une prudence partagée par Olaf Scholz, le chancelier allemand. “C’est une guerre terrible à l’est de l’Europe. Et je pense que c’est cela qu’il ne faut pas minimiser. C’est une guerre terrible et des crimes de guerre sont commis”, a-t-il, par exemple, affirmé à la radio allemande RBB.

De la même manière, les leaders de l’Union européenne, Ursula Von der Leyen, Josep Borrell ou Roberta Metsola, qui se sont pourtant rendu sur le territoire ukrainien, ne parlent pas non plus de génocide. “Nous avons vu notre humanité se briser ici”, a-t-elle commenté en visite à Boutcha.

Que change le fait que les dirigeants emploient le mot “génocide”?

Un génocide est l’intention de détruire tout ou partie d’un groupe national, religieux, racial ou ethnique. Les victimes de génocide sont donc délibérément visées – et non prises au hasard – “en raison de leur appartenance, réelle ou supposée” au groupe, indique l’ONU.

La Convention sur le génocide comporte une obligation pour les signataires du traité: s’ils reconnaissent qu’un génocide a lieu, ils s’engagent à assurer au moins une enquête et des poursuites. Ainsi, les dirigeants mondiaux peuvent chercher à éviter d’utiliser ce terme de “génocide” afin de se prémunir des pressions à agir.

Dans le présent cas, reconnaître qu’un génocide est en cours en Ukraine pourrait accroître la pression à, par exemple, envoyer des troupes sur place. Une éventualité refusée par tous les dirigeants mondiaux à l’heure actuelle.

Avec Bfmtv