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Guerre en Ukraine : qu’est-ce que la “bombe sale” évoquée par la Russie ?

Crédit Photo : La Voix du Nord

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L’élément de langage s’est répandu comme une traînée de poudre à Moscou. Depuis ce week-end, les dirigeants russes se passent le mot et prennent à partie l’opinion mondiale. Selon le Kremlin, Kiev serait sur le point d’employer “une bombe sale” sur le front.

C’est d’abord, le ministre de la Défense, Sergueï Choïgu, qui a lancé l’anathème le dimanche 23 octobre, reprise lundi par le général Igor Kirillov, en charge des substances radioactives pour l’armée russe, le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, ou encore le chef d’État-major, Valery Guerassimov.

En face, personne ne croit en la réalité de cette menace. L’OTAN a défendu lundi soir à la Russie de faire d’une telle accusation le “prétexte” à une “escalade du conflit”. Et la première intéressée, l’Ukraine, nie avoir une telle intention. Pour preuve de sa bonne foi, le pays a même saisi l’Agence internationale de l’énergie atomique.

L’AIEA visitera donc deux sites sensibles dans les prochains jours. Mais aussi fumeuses que paraissent les allégations russes, la nature de ces “bombes sales” n’en est pas moins nébuleuse par elle-même.

Hybride

Dans la grande typologie des armements, la “bombe sale”, ou “dispositif de dispersion radiologique” d’après son label officiel, présente un statut hybride. S’il ne s’agit pas d’une arme non-conventionnelle, il est difficile toutefois de lui accoler le qualificatif inverse.

“C’est une bombe classique, avec de la dynamite, un obus ou un autre type d’explosifs, à laquelle vous allez ajouter des éléments radioactifs. Ces éléments radioactifs proviennent des déchets radioactifs, et vous les trouvez facilement en Ukraine”, explique le général Jérôme Pellistrandi, consultant pour les questions de Défense, auprès de BFMTV.

L’officier tient à souligner qu’il n’existe “aucun programme nucléaire militaire clandestin en Ukraine”.

Tout en précisant : “On sait qu’il y a des centrales nucléaires, Zaporijia notamment, mais aussi des installations de radiologie donc vous avez forcément du matériel radioactif, comme des outillages contaminés. Même une IRM en comporte. Tout ça est stocké de manière très sérieuse”, insiste cependant le général.

Un instrument de terreur

Il convient donc de distinguer les deux dimensions du problème. D’une part, il n’existe pas de signe indiquant la production d’une telle bombe par l’Ukraine, de l’autre, sa fabrication est hélas aisée.

Son fonctionnement n’a rien non plus pour surprendre. Une fois larguée ou projetée, la “bombe sale” fait ce que font les bombes : elle explose. L’explosion libère un nuage de poussière radioactive, dont la diffusion dépend à la fois de “la puissance” du souffle “et de la météo – s’il y a du vent, de la pluie ou non”, poursuit le général Jérôme Pellistrandi.

Selon ce dernier, la bombe sale n’a pas de valeur militaire. Olivier Lepick, chercheur associé auprès de la Fondation de recherche stratégique plussoie : son pouvoir de nuisance est ailleurs. “Vous rendez la zone touchée inhabitable. Et par ailleurs, si des populations non-protégées sont frappées par cette radioactivité, vous provoquez l’effroi et la terreur au sein de cette population et on voit des pathologies très graves apparaître”, a-t-il confié.