De Grozny, en Tchétchénie, au cœur d’Alep, en Syrie, le général Dvornikov traîne une réputation sulfureuse de militaire prêt à tout pour atteindre ses objectifs. “Le boucher de Syrie”. C’est avec ces mots qu’Aleksandr Dvornikov a été surnommé par l’ancien chef de la CIA, David Petraus. Le général russe de 60 ans doit ce surnom à son rôle joué pendant la guerre en Syrie. En effet, il est accusé d’être derrière l’écrasement d’Alep, deuxième plus grande ville du pays après la capitale Damas.
“Son job, c’est de finir ce que les autres n’ont pas pu faire”, explique Patrick Sauce, éditorialiste politique internationale sur notre antenne. Vu de Moscou, c’est désormais lui l’homme de la situation, depuis qu’il a été désigné dimanche par Vladimir Poutine pour mener la suite des opérations en Ukraine. Une annonce non officielle, mais confirmée à plusieurs médias anglo-saxons par des sources militaires américaines.
Pourquoi lui ?
ll a été choisi pour son expérience. Ce natif de l’Extrême-Orient russe, près de Vladivostok, est l’homme des situations difficiles. Officier militaire de carrière, il a gravi les échelons régulièrement depuis ses débuts comme commandant de peloton en 1982, rappelle The Guardian. Il a combattu pendant la seconde guerre en Tchétchénie et a occupé plusieurs postes de direction avant d’être nommé à la tête des troupes russes en Syrie.
Aleksandr Dvornikov a été envoyé dans le pays de Bachar el-Assad par Poutine en septembre 2015 pour stabiliser la position des forces du régime syrien, qui à l’époque, selon Téhéran et Moscou, étaient sur le point de tomber aux mains de l’opposition.
En Syrie, Dvornikov a rapidement établi une base aérienne près de la côte nord-ouest, d’où des bombardements ont détruit des villes et des villages de la province d’Idlib. La chute d’Alep est à attribuer en grande partie aux frappes aériennes russes lancées depuis la base de Hmeimim. Celles-ci ciblaient les hôpitaux, les écoles, les files d’attente pour du pain et d’autres piliers de la vie civile. Cette mission a valu à Dvornikov d’être décoré de “héros de la fédération de Russie” par Vladimir Poutine en septembre 2016.
Réorganisation militaire du conflit ukrainien
De guerre espérée éclair, l’invasion de l’Ukraine par la Russie est devenue une guerre des tranchées. Plus d’un mois après le début du conflit, plusieurs zones de combats semblent se figer à mesure que les jours passent.
Afin d’éviter un scénario semblable à celui du Donbass, où l’armée urkainienne et les séparatistes pro-russes campaient sur leurs positions depuis 2014, Vladimir Poutine est prêt à tout. Avec en ligne de mire un réglement du conflit d’ici au 9 mai, date anniversaire de la victoire soviétique sur l’Allemagne nazie. Sur BFMTV ce mardi matin, notre spécialiste Patrick Sauce éclairait:
“L’armée russe a perdu quasiment une dizaine de généraux parce qu’ils ont géré chacun de leur côté une partie des fronts. Le général Dvornikov connaît lui parfaitement cette zone car il dirigeait jusqu’ici le district militaire sud-ouest de la Russie. Par conséqeuent, il connaît toutes ses troupes, de la Géorgie à la mer d’Azov. S’il a été désigné, c’est parce que d’ici le 9 mai il faut non pas prendre le Donbass, mais totalement l’écraser avec sa méthode: les crimes de guerre.” Une analyse qui rejoint celle de l’Institute for the Study of War, un influent blog américain d’analyse militaire, sur l’organisation du front en Ukraine.
Dès lundi, les forces ukrainiennes disaient se préparer à la chute de Marioupol, port stratégique du sud-est assiégé depuis plus de 40 jours par l’armée russe. Après six semaines de frappes et de combats intenses, la ville est déjà largement détruite.
L’arrivée aux commandes de Dvornikov risque d’accélérer les choses. Patrick Sauce juge ainsi cette nomination “extrêmement inquiétante pour les Ukrainiens”.
Avec Bfmtv