Dans son discours de commémoration de la victoire de 1945 sur l’Allemagne nazie, le président russe a affirmé lundi que son armée combattait en Ukraine pour défendre “la patrie” face à une “menace inacceptable”.
“C’est une sorte d’enfermement de Poutine dans la guerre”, a rétorqué M. Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, face à ses propos. Le président russe “est dans le déni. Il est dans la justification complètement révisionniste des motifs de guerre. Il a un discours de déni et d’inversion des responsabilités”, a-t-il insisté. “L’agression russe continue, la guerre continue, les objectifs de guerre sont les mêmes, que ce soit la neutralisation de l’Ukraine, sa démilitarisation, sa dénazification, la récupération des territoires… Ça n’a pas changé.”
Jean-Yves Le Drian déplore “l’erreur d’appréciation globale” du président russe sur la situation en Ukraine, estimant que Vladimir Poutine a commis “quatre erreurs stratégiques”.
La sous-évaluation de la résistance ukrainienne…
“Penser que l’Ukraine allait tomber comme cela, parce qu’il était attendu, parce qu’il y avait eu le précédent de la Crimée” en 2014, c’est la première erreur commise par Vladimir Poutine, d’après Mr Le Drian.
“On se rappelle des images de l’arrivée de Poutine en Crimée qui était arrivé sous les acclamations. Il pensait donc, et en particulier dans la partie russophone de l’Ukraine, que l’accueil des ‘libérateurs’ allait être favorable et que les autres, on allait pouvoir rapidement les désarçonner. Cela n’a pas été le cas.” Au contraire. “Cela a renforcé l’unité ukrainienne, créé la nation ukrainienne qui se bat de manière héroïque.”
… La réaction de l’Europe aussi
“La deuxième erreur, c’est de penser que l’Europe aura été fragile, pour prendre un terme vulgaire un peu ‘mou du genou’ dans sa réaction. Ça a été le contraire”, avance le chef de la diplomatie française, référence notamment à la livraison d’armes ou à l’instauration de sanctions. “Il pensait qu’il y aurait beaucoup plus de tensions, de divergences, alors qu’il a renforcé indirectement la solidité de l’Union européenne.”
La réaction de l’OTAN
Dans la même logique, Vladimir Poutine semble ne pas avoir évalué à sa juste valeur la réponse de l’OTAN. “Du fait de l’intervention, l’alliance s’est retrouvée sur ses fondamentaux qui sont la solidarité collective dans l’espace euro-Atlantique. Le président Poutine pouvait imaginer des fragilités, elles n’ont pas été au rendez-vous.”
Colosse aux pieds d’argile
“ Et puis dernier point, je pense que Vladimir Poutine a surestimé la force de son armée”, expose Jean-Yves Le Drian pour cette analyse de la stratégie russe en Ukraine. Ces éléments “aboutissent à la mise en œuvre d’une guerre qui sera longue, difficile”, conclut-il “Ça peut vouloir dire une guerre de plusieurs années.”
Avec 7sur7