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Guinansoa YARBONDJA, le touche-à-tout !

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Guinansoa YARBONDJA

Très tôt passionné par les questions de développement de sa communauté, le Togolais Guinansoa YARBONDJA est un curieux et un touche-à-tout. Du privé au public, en passant par les organisations non-gouvernementales, il a su y faire ‘ses dents’ et se faire une expérience pour être apte techniquement à porter ses projets de développement qui lui tiennent tant à cœur.

La barbe ne barre pas le chemin de l’éducation, a dit un sage-homme. Désireux d’élargir son champ de compétence pour valablement servir son pays, il a rejoint, comme seize autres compatriotes,  depuis le mois de septembre dernier, la 16e promotion (2017-2019) du Master professionnel en Développement de l’Université Senghor d’Alexandrie (Égypte). Une université internationale de langue française au service du développement africain, opératrice directe de la Francophonie qui forme et délivre depuis 26 ans des diplômes internationalement reconnus.

Dans cet entretien accordé à Lfrii l’Entreprenant (www.l-frii.com), M. YARBONDJA revient sur son parcours, les étapes de sélection pour ce programme francophone ainsi que ses ambitions pour son pays.

 

Lfrii l’Entreprenant : M. YARBONDJA, pourquoi ces différents choix au cours du parcours qui est le vôtre ?

Guinansoa YARBONDJA : « Mon parcours n’a rien d’extraordinaire. Je suis originaire de Dapaong dans la région des Savanes (600 km de Lomé, la capitale), la région la plus pauvre du Togo. Je me suis lancé très tôt, étant sur les bancs, dans la communication et l’animation des projets dans le cadre des programmes de sensibilisations sur le VIH/SIDA. Après mon baccalauréat, j’ai poursuivi mes études à l’Université de Lomé avec une formation en Science de l’homme et de la société, option géographie.

Mon dynamisme et ma capacité de travail m’ont permis d’acquérir plusieurs compétences. Je peux citer mon parcours en tant que journaliste à la Radio Télévision Jabal Nour,  chroniqueur dans les émissions « Midi Délices », et « Couleurs des  vacances » sur la Télévision Togolaise (TVT), graphiste de la société @ll Services, et enfin en tant que promoteur d’une agence de communication avant de rejoindre l’administration publique.

De là, avec ma participation aux différents programmes de l’Agence nationale de la sécurité alimentaire du Togo (ANSAT) et du ministère de l’Agriculture de l’Élevage et de l’Hydraulique (MAEH), il était important pour moi de capitaliser mes expériences pour me mettre à niveau avec un diplôme d’une université prestigieuse. Dieu merci, j’y suis aujourd’hui et ce n’est qu’un nouveau point de départ pour moi. Le meilleur reste à venir, Inch’Allah ! »

Pourquoi retourner à la fac, malgré le fait que vous soyez déjà dans l’administration publique ?

On ne finira jamais d’apprendre. Je suis toujours à la recherche de compétences techniques pour participer activement au développement de mon pays, de l’Afrique et du monde entier.  Je pense que pour garantir un avenir à notre pays, nous jeunes, nous devrions bien nous faire former pour rendre un travail de qualité à nos différents postes. C’est en étant techniquement bon que nous répondrons présent aux rendez-vous de développement de notre continent. Et nos pays en ont besoin.

L’aboutissement de ce projet d’étude est le résultat de l’accompagnement de beaucoup de personnes. Je saisis cette occasion pour dire merci au Colonel Ouro-Koura AGADAZI, mon Ministre grâce à qui ce projet d’étude est une réalité aujourd’hui.

 

En quoi consiste la formation à laquelle vous prenez part à l’Université Senghor d’Alexandrie ?

C’est une formation de niveau Master, option “Gouvernance et Management Public” dispensée au Département Administration-Gestion de l’Université. Cette formation vise non seulement à former des professionnels qui seront en mesure de comprendre les multiples enjeux et défis actuels du développement du continent africain et d’y répondre de façon novatrice ; mais aussi des intervenants qui seront aptes à assumer les métiers de gestionnaires de projets, d’experts et de cadres dans les organisations privées et non-gouvernementales.

L’approche du programme repose sur un équilibre entre l’acquisition des connaissances théoriques et des compétences pratiques et transversales.

Les connaissances et compétences pratiques me permettront de maîtriser les principales fonctions d’une organisation privée non-gouvernementale (la production de biens et/ou services, la gestion des ressources humaines et financières et le marketing) ; de maîtriser les différentes phases d’un projet (identification, conception, planification, évaluation) ; de gérer des projets nationaux ou internationaux de développement ; d’élaborer des stratégies de développement local et régional ; de comprendre les fondements du management (planification, organisation, contrôle) ; et enfin de porter un regard critique sur l’environnement socio-économique et politique. Les compétences transversales concernent les habilités en communication, négociation, créativité, innovation, travail d’équipe, leadership, éthique et professionnalisme.

La formation me permettra aussi de développer des relations personnelles et professionnelles exceptionnelles et créer un réseau pour ma carrière professionnelle. 

De façon concrète, à la fin de ma formation, je serai plus outillé à gérer de façon autonome des projets dans le secteur public ; à orienter les organisations et les collectivités territoriales à mettre en œuvre et évaluer des projets de développement et d’innovation ; à appliquer les instruments modernes de conception, de mise en œuvre et d’évaluation de programmes et politiques publics ; à mettre en place les structures requises au bon fonctionnement des ONG ;  à former à l’entrepreneuriat, comprendre son importance pour le développement et acquérir des pratiques entrepreneuriales  et enfin à agir avec éthique et esprit critique dans le cadre de ma fonction de professionnel en gestion ou d’expert-conseil en développement ou management.

C’est pour ainsi dire combien cette formation est capitale pour booster ma carrière. Je suis sûr qu’à ma place, vous auriez fait le même choix ! (Rires)

 

Les boursiers togolais de l’Université Senghor d’Alexandrie

Comment se déroule la sélection à ce programme de Master à cette université ?

Nous sommes au total 17 togolais dont 6 femmes pour cette promotion. Pour en faire partie, la tâche n’a pas du tout été aisée. Nous avons été sélectionnés à l’issue d’un long et rigoureux processus qui nous a vus réussir l’étape de l’étude du dossier de candidatures. Ensuite, celle de l’examen écrit et enfin de l’entretien oral. Les informations relatives sur le processus sont disponibles sur ce lien.  

En tant que Mastériens de cette prestigieuse université africaine, et ‘bâtisseur de la nouvelle Afrique’, quels sont d’ores et déjà, vos projets pour le continent ?

Nous portons déjà une initiative à l’échelle africaine, celle de la synergie d’actions pour le développement durable en Afrique (SADDA), avec 22 autres nationalités. Les cadres de ces pays, ayant bénéficié d’une formation de niveau master à l’Université Senghor d’Alexandrie, seront les torches qui vont éclairer et donner des orientations stratégiques pour le développement de la nouvelle Afrique. La synergie est composée de cadres diversifiés et interdisciplinaires.

SADDA sera aussi un groupe de consultants interdisciplinaires qui va accompagner les gouvernants dans leurs choix stratégiques. Notre atout est que nous sommes des techniciens, des agents de terrain à la base, donc nous connaissons les réalités de la base et nous pourrons apporter des solutions adaptées à leurs besoins. L’ensemble de ces actions va contribuer à une Afrique meilleure, capable de répondre présente aux grands rendez-vous de la planète.

Avez-vous des projets personnels pour votre terre natale, le Togo ?

Oui, et ce, depuis 2013 à travers notre association Nataan-man « la fraternité est bonne » en langue Moba. Nous avons initié des projets et programmes avec le Conseil national de la jeunesse (CNJ) pour apporter notre contribution au civisme, à la culture de la paix, à la cohésion sociale et à la promotion culturelle. Nous avons aussi un festival culturel portant le nom de l’association (FENAM), qui progressivement déniche et accompagne les jeunes talents dans la région des Savanes. Deux jeunes talents ont bénéficié de notre accompagnement à l’issue des concours organisés à cet effet.

Aussi nous avons initié le tournoi de football Nataan-man qui réunit des clubs des quartiers de la ville de Dapaong dans l’optique de faire du vivre ensemble, un ferment du développement dans le milieu, et qui progressivement va s’étendre.

En vue d’accompagner notre préfecture (Tone) à répondre aux différentes échéances, nous sommes en train d’élaborer le Plan de développement local. Après la validation du document du programme national du développement (PND), nous allons accélérer les travaux, d’une façon participative, au niveau local.

Avec ces initiatives, c’est vous dire que le développement de notre pays est notre source de motivation. C’est d’ailleurs, ce qui nous motive à participer à une telle formation pour acquérir des outils et compétences afin de participer activement et de façon professionnelle au développement de notre pays.

 

Quel message auriez-vous pour les différents acteurs en ce qui concerne la situation sociopolitique qui prévaut dans notre pays ?

Je m’adresserai en premier aux jeunes, ils sont les plus instrumentalisés dans tous conflits. Il est vrai qu’il est temps de nous engager en politique, car c’est nous qui allons animer la vie politique de notre pays dans les années à venir. Mais engageons-nous de façon responsable pour ne pas détériorer les acquis que nous avons déjà. Gouverner, c’est opérer des choix stratégiques pour contribuer à l’essor du pays. Que chacun dans son environnement proche joue sa partition pour que notre pays puisse poursuivre son développement.

A l’endroit des acteurs politiques, je pense qu’il est temps que cette classe politique se renouvelle. Donnez la chance à la jeunesse de participer à la vie politique du pays, les partis politiques appartiennent à nous tous. On a envie demain d’avoir des modèles comme Gilbert F. HOUNGBO à la tête des institutions internationales. Donnons la chance à la jeunesse de faire son parcours, parce que c’est elle l’Afrique de demain.

 

Quel message auriez-vous à l’endroit de la jeunesse togolaise ?

A l’endroit des jeunes en général, je leur dirai simplement que notre futur dépend des choix que nous faisons aujourd’hui, de mettre tous les atouts de leur côté à travers une bonne formation. Rêver, oser et voir les choses en grand ; c’est toujours le rêve qui devient réalité et c’est l’essai qui tue l’éléphant.

Pour les jeunes qui voudraient entreprendre, je leur demande de s’armer de courage, d’engagement et beaucoup de patience. Ce n’est pas toujours facile au début. Pour ceux qui ont déjà commencé, le courage et la détermination. Pour ceux qui sont déjà installés, je leur dirai qu’il n’est question aujourd’hui que d’organisation, de planification et d’une bonne responsabilisation. J’invite aussi les jeunes à se mettre ensemble pour réussir leur projet d’entreprise ; ensemble on est plus fort.

L’épineux problème, c’est souvent le moyen, l’argent, mais privilégions les compétences. Avec la compétence et une bonne organisation, nous pouvons relever beaucoup de défis.

Je vous remercie.