S’il y a bien un secteur qui devra lutter pour sa survie, c’est celui du tourisme car il est très interdépendant du secteur aérien. Et l’Afrique n’échappe pas à la tendance. Alors que les Etats ont procédé à la fermeture progressive des aéroports, les hôtels n’ont que peu de temps pour se préparer en vue d’une saison estivale qui s’annonce déjà compliquée. Laetitia Nyop Gnassingbé, spécialiste dans le secteur et fondatrice de Leed Hospitality, s’est donnée une mission: définir des axes de stratégies de développement pour un secteur qui en a grandement besoin.«Notre cabinet est basé au Togo et représenté en France et en Suisse. Nous nous étendons sur toute l’Afrique de l’ouest et centrale. Notre objectif est de donner les meilleures stratégies possibles pour permettre aux secteurs de la restauration et de l’hôtellerie de sortir au mieux de cette crise», explique Laetitia Nyop Gnassingbé. Selon cette dernière, la stratégie à suivre est simple: effectuer le recouvrement des créances débitrices, préparer sa réouverture, garder ses contacts avec les clients habituels, diversifier son offre et élargir la gamme de ses clients.
«Notre rôle sera déterminant pour les entreprises qui travaillent avec nous. Il nous faut les aider à atteindre un minimum en termes de retour financier avec l’impérative nécessité de gérer au mieux les pertes survenues durant ces mois d’inactivité», indique-t-elle. Un avis qui est également partagé par l’ensemble des acteurs panafricains du tourisme qui estiment que 60% des hôtels et restaurants en Afrique sont menacés de fermeture. Un danger qui guette un secteur qui connaissait une croissance de 6% en termes de chiffre d’affaires jusqu’en 2019.
Un mot d’ordre : la diversification
Laetitia Nyop Gnassingbé est une battante et son équipe composée d’une vingtaine de personnes porte la même ambition. Même si la crise de la COVID-19 a révélé les failles d’une partie de l’économie sur ce secteur, cette ancienne cadre formée dans les grands groupes maîtrise la force de son concept pour mériter la confiance des acteurs du secteur. «Avec Leed Hospitality, nous accompagnerons chaque entreprise, de loisirs – restauration ou hôtelière vers sa croissance. L’objectif n’est pas de miser sur le quantitatif mais sur le qualitatif. Nous portons une vision long terme afin d’accompagner pas à pas chaque entreprise vers sa croissance », détaille-t-elle. Leed Hospitality croit dur comme fer en ses potentialités « L’Afrique porte un réel potentiel dans ce secteur. Notre objectif est de développer une vraie gamme d’excellence autour du tourisme international comme l’a fait le Rwanda avec les éco-lodges. Mais il nous faut aussi créer des offres pour des consommateurs domestiques», dit-elle, considérant que le développement de ce tourisme est un vrai enjeu d’émergence sociale et économique. Selon le Rwanda Development Board, le tourisme a généré des recettes à hauteur de 438 millions de dollars en 2017, au Rwanda.
Investir malgré la crise
Alors que le monde peine à tourner la page de la COVID-19, Laetitia Nyop Gnassingbé met le cap sur deux éléments prépondérants: la rigueur et l’excellence. « J’insiste sur ce point auprès de nos partenaires, le client qui viendra dans leur hôtel ou restaurant exigera une qualité de service irréprochable. Mais il souhaitera aussi être surpris par certains détails », prévient-elle déjà. Pour certains hôtels, il faudra investir et innover allant jusqu’au plus petit détail. «Cet esprit d’innovation n’empêche pas la rigueur budgétaire. Nous insistons sur ce point: les coûts doivent être impérativement maîtrisés et nous sommes assez clairs sur ce sujet avec nos partenaires». Faire projeter le client dans une perspective positive n’empêche pas de tenir un discours teinté de pragmatisme. Cet esprit qui allie souplesse et rigueur est justement la marque de fabrique de Leed Hospitality, deux notions qui ont construit la réputation de Laetitia Nyop Gnassingbé tout au long de sa carrière.
Un vrai capitaine dans le navire
Si Laetitia Nyop Gnassingbé s’attaque à ce secteur, c’est qu’elle en connaît les rouages et potentiels. «J’ai démarré en 2001 dans le secteur. J’ai rapidement été appelé à des fonctions à responsabilité en France, au Togo où j’ai contribué largement à redonner du dynamisme à l’hôtel du groupe situé à Lomé. En Guinée- Equatoriale, j’ai été missionnée pour redresser l’Ibis à Malabo. La fréquentation avait lourdement chuté en raison de la crise pétrolière de 2016», indique-t-elle. Puis elle poursuit: «J’ai rééquilibré les charges en fonction de l’activité et nous sommes retournés dans les bénéfices», indique-t-elle. Administratrice indépendante pour le groupe Azalai, Laetitia Nyop Gnassingbé possède ainsi plusieurs cordes à son arc. Autant dire que son expertise sera cruciale pour le redressement d’un secteur d’activité bien plombé par la COVID 19.
Avec Financial Afrik