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Il y a 20 ans, les premiers attentats d’Al-Qaïda en Afrique

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Il y a 20 ans, deux attentats simultanés à la voiture piégée ont frappé les ambassades américaines de Nairobi et Dar es Salam, faisant au moins 224 victimes et 4 000 blessés. Ce fut la première apparition d’ampleur d’Al-Qaïda, avant le 11 septembre.

Al-Qaïda, Afrique, Nairobi, Dar es Salam, Kenya
© George Mulala, Reuters | L’ambassade américaine de Nairobi a été soufflée par l’explosion d’un camion piégé, le 7 août 1998.

La matinée est déjà bien avancée à Nairobi, le 7 août 1998, lorsque deux hommes en sueur se présentent, au volant d’un camion Toyota, à l’entrée du parking souterrain de l’ambassade américaine au Kenya. Face au refus du garde d’ouvrir la barrière, l’un des hommes ouvre le feu, et lance une grenade étourdissante. Le bruit des détonations interpelle les salariés de l’ambassade et des immeubles voisins. Quelques secondes plus tard, les 900 kgs d’explosif installés à l’arrière du camion sont activés. Les vitres de l’ambassade sont soufflées, certains bureaux sont dévastés, et un immeuble voisin est complètement détruit. Au moins 213 personnes, dont douze américains, sont tuées, et plus de 4 000 autres sont blessés, souvent mutilées.

Quelques minutes plus tard, un camion frigorifique transformé en bombe roulante explose dans le périmètre de l’ambassade américaine de Dar es Salam, en Tanzanie, faisant au moins 11 morts, tous des passants tanzaniens, et 85 blessés. Les deux attaques, coordonnées, sont revendiquées par une cellule locale d’Al-Qaïda, une oraganisation alors méconnue du grand public, qui a juré de frapper les intérêts américains partout dans le monde, et dirigée par celui qui allait devenir l’ennemi numéro un aux États-Unis : Oussama Ben Laden.

Al-Qaïda, Afrique, Nairobi, Dar es Salam, Kenya
Ali Mwadama se rendait à une banque près de l’ambassade américaine de Nairobi, le 7 août 1998, lorsqu’il a été blessé par l’explosion du camion piégé. Plusieurs de ses amis, morts dans l’attaque, ont leur nom inscrit sur le mémorial. © Baz RAtner, Reuters

“Incident catastrophique”

Vingt ans après les attentats, dont le mode opératoire était inédit en Afrique subsaharienne, la Tanzanie et le Kenya commémorent leurs morts. À Nairobi, selon l’AFP, une cérémonie sobre a réuni, mardi 7 août, survivants, familles de victimes et officiels au parc du mémorial de l’attentat, dans le centre-ville, sur le site de l’ancienne ambassade désormais installée dans le nord de la capitale kényane. “Il y a 20 ans, le diable montrait son terrible visage au Kenya et en Tanzanie”, a déclaré l’ambassadeur des États-Unis au Kenya, Robert Godec.

“Ce n’était pas la première fois qu’Al-Qaïda avait mené une attaque, mais au regard de la nature spectaculaire, catastrophique de l’incident, ils ont réellement fait leur entrée sur la scène mondiale. (…) Ce jour-là, l’ambition et l’appétit des membres d’Al-Qaïda pour des attaques de masse se sont développés”, a rappelé pour sa part Martin Kimani, directeur du Centre national kényan de contre-terrorisme.

Une cérémonie est également prévue à Dar es Salam, en présence du ministre de l’Intérieur, d’officiels, de victimes et de proches des disparus, selon le quotidien national Daily News.

Sécurité renforcée

Après les attentats de 1998, le Kenya a été durement frappé par le terrorisme de masse : deux ans après avoir envoyé des troupes pour combattre en Somalie les insurgés shebab, affiliés à Al-Qaïda, l’attentat contre le centre commercial Westgate de Nairobi, en 2013, avait fait 67 morts. En 2015, un commando shebab avait massacré 148 personnes, pour la plupart des étudiants, dans une attaque à l’université de Garissa (est).

Depuis 2015, le Kenya n’a pas connu d’attentat de masse sur son sol, rappelle l’AFP. Selon Martin Kimani, les efforts du Kenya et de ses alliés pour renforcer les services de sécurité et de renseignements portent leurs fruits. La police kényane annonce régulièrement l’arrestation de membres présumés des Shebab, parfois en possession de matériel susceptible d’être utilisé pour commettre un attentat.

Pour autant, a mis en garde le responsable kényan de la lutte antiterroriste, “la menace est toujours là, réclamant une vigilance permanente”.

Avec AFP et France 24