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Impact de l’attachement amoureux sur la relation sexuelle

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La théorie de l’attachement, élaborée par le psychiatre anglais John Bowlby (1978) est considérée comme un concept clé en psychologie. Il décrit l’attachement comme le produit de comportements ayant pour objet la recherche et le maintien de la proximité d’une personne spécifique. Eh oui ! Quand nous cherchons à être plus proche d’une personne d’une manière fréquente, c’est que nous sommes attachés à elle du moins sur le plan affectif.

 L’attachement est un système qui s’active depuis notre enfance et qui influencera plus tard nos relations amoureuses. Dans la petite enfance, la “figure d’attachement” est la mère ou son substitut (le principal donneur de soin) qui constitue une base de sécurité pour l’enfant. Ce que nous pouvons remarquer à partir de trois mois, quand l’enfant est séparé de sa mère, il se sent en insécurité et pleure. Dès qu’il retrouve sa mère ou celle-ci le prend dans ses bras et le berce, il se calme comme de rien n’était. Au fil des interactions avec la figure d’attachement, l’enfant intériorise la relation et se forge un mode de fonctionnement qui englobe ses perceptions de lui-même et les attentes de sa figure d’attachement.

Par exemple chez un enfant X, s’il a besoin de quelque chose, il pleure et on la lui donne. Quand il grandira, chaque fois qu’il a besoin de quelque chose, il l’exprimera par un chantage affectif. D’ailleurs, c’est ce qui pousse Bowlby à déclarer que les formes d’attachement construites durant la petite enfance se maintiennent « du berceau jusqu’à la tombe ».

Toutefois, le style d’attachement peut changer avec le temps et devenir plus sécurisant si à travers les années, le type de relations que l’individu entretient avec les membres importants de son entourage change de façon significative. A l’âge adulte, c’est le partenaire amoureux qui devient la figure d’attachement.

Il est important de savoir que les relations amoureuses chez les adultes sont caractérisées par l’interaction de trois systèmes comportementaux à savoir : le système d’attachement, le système sexuel et le système de soin et d’attentions portées à l’autre (“caregiving”). Dans cet article, nous parlons plus de l’attachement en lien avec la vie sexuelle.

L’attachement constitue une caractéristique individuelle que chaque conjoint amène dans sa relation, avant même que les interactions ne débutent. De façon générale, chacun des conjoints agit en fonction du style d’attachement qu’il a développé pendant l’enfance. Le style d’attachement de chacun exerce une influence sur le fonctionnement du couple, en raison du fonctionnement en interaction des trois systèmes comportementaux présents dans les relations amoureuses. Il existe quatre styles d’attachement : style d’attachement sécure, style d’attachement insécure à type anxieux ou préoccupé, style d’attachement insécure à type détaché ou évitant et enfin le style d’attachement insécure à type craintif.

Ces styles d’attachement combinés en couple, donnent deux styles relationnels :

  • Le style relationnel sécure : les deux partenaires sont dans un attachement sécure l’un vis-à-vis de l’autre, ou bien, malgré l’insécurité de l’un d’entre eux, le couple parvient à un ajustement satisfaisant.
  • Le style relationnel insécure : l’un des partenaires ou les deux sont dans des attachements insécures et le couple ne parvient pas à procéder à des ajustements adaptatifs. Les carences affectives issues de l’enfance s’expriment alors à travers des comportements, et des cognitions spécifiques de ces attachements insécures. A titre d’exemple, dans un couple composé d’une femme qui a un style anxieux et un homme de style détaché, on pourra voir apparaître des reproches de Madame sur le fait que Monsieur travaille trop et n’est jamais à la maison, au lieu d’exprimer son sentiment d’abandon et son besoin d’être avec lui (tu me manques chéri ; je veux passer plus de temps avec toi ; à tes côtés, je me sens bien), et face à cette colère, Monsieur réagit par le silence et fuit la maison pour ne pas supporter sa crise de colère.

Sur le plan sexuel, les personnes de style sécure seraient les plus satisfaites de leur sexualité. Ils manifestent le respect et l’ouverture à l’intérieur des relations sexuelles, où la communication favorise le plaisir et l’intimité. Ils vivent ainsi plus d’émotions positives lors des interactions sexuelles.

Les personnes de style détaché seraient plus à l’aise dans les activités sexuelles sans engagement (les rencontres sans lendemain) et éviteraient plutôt les relations sexuelles lorsqu’ils sont en couple.

Les personnes de style anxieux évaluent la qualité de leur relation de couple en s’appuyant fortement sur leurs expériences sexuelles satisfaisantes, dans la mesure où celles-ci sont amalgamées avec le sentiment d’être aimées et estimées, ce qui réduit temporairement les craintes de rejet. Par voie de conséquence, les expériences sexuelles décevantes sont vues comme des signes de désapprobation de la part du partenaire et suscitent des craintes d’abandon. Le rapport à la sexualité diffère toutefois en fonction du sexe. En effet, les femmes de style anxieux auraient davantage de relations sexuelles dans le but de ne pas perdre l’autre ou pour lui faire plaisir, tandis que les hommes de style anxieux chercheraient plutôt la réassurance à travers l’acte sexuel, ce qui les amènerait parfois à insister sur ce plan auprès de leur partenaire.

Les personnes de styles craintifs ont moins d’expériences sexuelles, sont plus susceptibles de souffrir de difficultés sexuelles et d’utiliser la coercition sexuelle. Toutefois, il est possible de s’attendre, chez ces personnes, à une alternance de comportements variant entre une promiscuité sexuelle et une inhibition.

Sur le plan relationnel, deux personnes de style anxieux auront une grande fréquence d’activités sexuelles alors que la fréquence est basse chez deux personnes de style détaché peut-être par manque de communication sur le plan sexuel.

L’attachement peut être évalué chez un couple à travers des tests psychologiques adaptés à cela. Une des raisons de consulter un psychologue pour prévenir les conflits conjugaux.

Notre vie de couple est influencée par notre personnalité, l’éducation reçue depuis notre enfance jusqu’à la vie adulte et les expériences vécues. Voilà pourquoi face à une difficulté conjugale, il est meilleur de se référer à un professionnel de la relation conjugale si on ne parvient pas à deux à trouver de solutions pour retrouver l’harmonie.

Olivier Folly-H. AYEBOUA

Psychologue clinicien et de la santé

Tel : (+228) 91 95 09 22