Mis sur le devant de la scène en tant que «négociateur» russe dans les pourparlers avec l’Ukraine, Vladimir Medinski fait aujourd’hui partie des proches conseillers de Vladimir Poutine.
La scène internationale ne le connaît pas encore très bien. Et pour cause, cet homme d’origine ukrainienne est entré dans le gouvernement russe en 2012, en tant que ministre de la Culture. Un poste qu’il a occupé pendant huit années. Ses fonctions ont été largement critiquées par l’opposition russe, certains le surnommaient même «Propagandon».
Durant son mandat ministériel, Vladimir Medinski a montré sa relation très particulière à l’art. En janvier 2014, il estimait que l’art contemporain pouvait se résumer avec trois termes, «le barbouillé, le froissé et l’incompréhensible», rapporte Le Monde.
Nombreux sont les professionnels de la culture russe à avoir fait les frais des idées conservatrices de cet oligarque. Selon Franceinfo, en 2015, alors que Vladimir Medinski est toujours ministre de la Culture, le directeur d’un théâtre de Sibérie, a été licencié après la mise en scène d’une version érotique d’un opéra de Richard Wagner.
Dans le même esprit, Léviathan, d’Andreï Zviaguintsev, est sorti en Russie en 2015, dans une version censurée, sans les nombreux jurons présents dans cette œuvre. Ce film, qui dépeint un portrait peu glorieux de la Mère Patrie où alcoolisme et corruption règnent en maîtres, avait pourtant était récompensé du César du meilleur scénario en 2014, du Golden Globe du meilleur film en langue étrangère en 2015, et avait été nommé pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, en 2015 également.
UNE GLORIFICATION DE L’HISTOIRE NATIONALE RUSSE
«La Russie s’est retrouvée dans un entre-deux, entre héritage communiste et néolibéralisme. Faute de rattachement traditionnel à la gauche ou à la droite, ils ont pris la mémoire historique comme idéologie», a analysé pour Franceinfo Emilia Koustova, spécialiste d’histoire et de civilisation russe et soviétique, rapporte Cnews.
Pour preuve, Vladimir Medinski a participé à la réhabilitation de Joseph Staline en érigeant des bustes de cet ancien dictateur de l’URSS dans plusieurs villes de la Russie actuelle. Une décision qui fait grandir la rumeur selon laquelle Vladimir Poutine souhaiterait revenir à l’époque stalinienne.
«L’amnésie historique est favorisée par la politique de mémoire ambiguë du pouvoir russe, qui conjugue la mythification du passé soviétique avec une justification cachée de ses crimes ou a minima une volonté de diminuer leur ampleur», expliquait le sociologue russe Lev Goudkov à l’AFP en 2018.