Ce jeudi 14 juillet 2022, Mario Draghi, le Premier ministre italien, a annoncé sa démission après que les sénateurs du Mouvement 5 Étoiles (M5S, antisystème), ont boycotté le vote de confiance sur un texte discuté au Sénat.
“Je veux vous annoncer ce soir que je remettrai ma démission au président de la République”, a déclaré Mario Draghi, selon des propos rapportés dans un communiqué de ses services. Une démission à laquelle Sergio Mattarella, le président italien s’est opposé.
Conformément à l’annonce faite la veille par Giuseppe Conte, prédécesseur de Mario Draghi et actuel patron du M5S, les sénateurs de son parti n’ont pas participé au vote de confiance demandé par l’exécutif à l’occasion du vote sur un décret-loi contenant des mesures d’environ 23 milliards d’euros pour aider les familles et les entreprises face à l’inflation.
Mario Draghi disposait d’une majorité pour gouverner même sans les 5 Étoiles, mais l’ex-patron de la Banque centrale européenne a affirmé à plusieurs reprises qu’il n’y aurait pas de gouvernement sans eux.
En effet, il était arrivé aux affaires début 2021 pour constituer une coalition d'”unité nationale” susceptible de surmonter l’urgence pandémique et la crise économique qui s’est ensuivie. Or sans le soutien des M5S, il considère que son gouvernement devient “politique” et estime n’avoir pas été mandaté pour conduire un cabinet de cette nature.
Autre problème : le décret-loi au centre de la crise politique contient également une mesure pour faciliter la construction d’un incinérateur d’ordures à Rome, à laquelle sont opposés les M5S.
Le M5S s’oppose aux incinérateurs qui selon eux sont coûteux, polluants, peu efficaces et n’incitent pas la population au tri sélectif. Ils réclament aussi l’instauration d’un salaire minimum et d’un revenu citoyen.
Mais le mouvement a aussi, voire surtout, des arrière-pensées électoralistes, selon les analystes.
“Le M5S s’écroule dans les sondages et a besoin de récupérer de la visibilité (…). Il veut être au centre de l’attention”, a expliqué à l’AFP Lorenzo Codogno, ancien économiste en chef du Trésor italien et professeur invité à la London School of Economics.
Le M5S, vainqueur des dernières élections législatives, en 2018, avec 32 % des voix et une majorité relative au Parlement, n’a cessé depuis de dégringoler dans les intentions de vote, aujourd’hui à 10 %-11 %, et nombre de ses élus l’ont quitté depuis.
Un tiers de ses députés, environ 50, a fait scission et a suivi l’ancien chef du M5S, l’actuel ministre des Affaires étrangères Luigi Di Maio, qui a récemment créé son propre parti, Ensemble pour l’avenir (IPF).
L’incertitude régnant sur l’avenir du gouvernement Draghi n’a pas manqué de causer des turbulences sur les marchés : la Bourse de Milan chutait de plus de 3% jeudi après-midi et le coût de la dette de l’Italie est reparti à la hausse, signe de la nervosité ambiante.
Avec France 24