La Dame du Paradis (The Lady Of Heaven) dégage un parfum de scandale dans le monde musulman. Ce long-métrage, écrit par le religieux chiite musulman Yasser Al Habib et réalisé par Eli King, raconte l’histoire de la fille du prophète Mahomet, Fatima Zahra, épouse d’Ali, premier imam chiite.
Ce récit rejoue en creux la scission entre l’islam chiite et sunnite, divisé sur la reconnaissance du successeur du prophète Mahomet. Les chiites désignent Ali, gendre et fils spirituel de Mahomet, au nom des liens du sang. Les sunnites désignent Abou Bakr, compagnon de toujours de Mahomet.
Le Maroc, majoritairement sunnite, a interdit la projection du film selon un communiqué officiel publié le samedi soir 11 juin par le Centre cinématographique marocain (CCM).
Le CCM est chargé d’accorder les visas d’exploitation des films, tournés au Maroc ou à l’étranger, pour la distribution en salles, « dans le respect de la législation » et à condition qu’ils ne soient « pas contraires aux constantes et aux sacralités du royaume ».
Sa décision survient après que le Conseil supérieur des oulémas, l’instance officielle chargée d’émettre des Fatwas (avis religieux), a « fermement condamné » le contenu du film.
Dans un communiqué, le Conseil des oulémas, qui est présidé par le roi Mohammed VI, dénonce « la falsification flagrante de faits établis de l’histoire de l’Islam ».
« Cette falsification des faits, qui porte atteinte à l’Islam et aux musulmans, est rejetée par tous les peuples, parce qu’elle ne sert pas leurs intérêts supérieurs entre les nations, particulièrement en ces temps », souligne le communiqué religieux.
La polémique a également gagné l’Europe. Sortie le 3 juin au Royaume-Uni, La Dame du Paradis a été déprogrammé par la chaîne Cineworld après des rassemblements de musulmans devant ses salles de cinéma où il était diffusé. Il a aussi été jugé « blasphématoire » en Égypte, au Pakistan, en Iran et en Irak, notamment.