La France veut renforcer ses « partenariats gagnant-gagnant » avec l’Afrique, a déclaré ce mardi 18 novembre 2025 le ministre délégué chargé du Commerce extérieur, Nicolas Forissier, y voyant une manière pour Paris de s’affirmer face à la Chine, lors du forum économique « Ambition Africa » à Paris.
« Depuis 2017, sous l’impulsion du président de la République, nous avons engagé une transformation profonde de notre relation, et en particulier de notre relation économique » avec l’Afrique, a souligné M. Forissier devant des responsables politiques et chefs d’entreprises africains réunis pendant deux jours au ministère de l’Economie, à l’initiative de Business France, organisme public qui aide les entreprises françaises à exporter.
« C’est la nature de notre partenariat qui change. Nous ne nous contentons plus de relations intergouvernementales, mais nous allons plus loin: nous impliquons la société civile, le secteur privé des entreprises », a-t-il poursuivi.

La démarche concerne des secteurs tels que comme les technologies, les énergies renouvelables, l’industrie verte, l’intelligence artificielle, la ville intelligente, la cybersécurité, l’agriculture ou l’agro-alimentaire, a énuméré le ministre, annonçant qu’il se rendrait prochainement en Afrique du Nord, en Mauritanie et au Cap-Vert.
Selon Nicolas Forissier, les échanges commerciaux entre la France et l’Afrique ont dépassé 65 milliards d’euros en 2024, et la France est le quatrième investisseur étranger sur le continent (51 milliards). « Nous devons et nous pouvons faire beaucoup mieux », a-t-il estimé.
Pour la zone incluant l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une croissance économique de 3,5% en 2025 et 3,8% en 2026. Il anticipe respectivement 4,1% et 4,4% en Afrique subsaharienne.
Nouer « des partenariats durables » constitue une réponse à la forte présence chinoise en Afrique, a souligné le ministre devant des journalistes, plaidant « la fermeté sur nos règles commerciales » envers Pékin.
« Il faut qu’on soit opiniâtre parce qu’on ne va pas réussir du jour au lendemain », a-t-il dit.
Pour Marc Cagnard, directeur Afrique subsaharienne de Business France interrogé par l’AFP, ces « partenariats équilibrés » peuvent distinguer les entreprises françaises face au « rouleau compresseur » de la Chine, qui soumet « des offres hyper performantes en termes de prix, complètement intégrées » mais « sans forcément faire contribuer les collaborateurs locaux ».
« Si on veut maintenir nos positions et même les accroître, il faut passer par des alliances stratégiques dans quasiment tous les secteurs », a abondé Philippe Garcia, directeur Afrique du Nord.
Alors que les entreprises françaises sont déjà bien représentées en Afrique de l’Ouest, du Nord et centrale, Business France souhaite les encourager à conquérir des marchés en Afrique de l’Est et australe, « des destinations qui semblent moins naturelles pour elles, mais qui pourtant sont de véritables relais de croissance », selon Didier Boulogne, directeur général délégué export de Business France.
Concernant la plainte d’une ONG visant le géant français TotalEnergies pour « complicité de crimes de guerre » au Mozambique, le ministre délégué au Commerce extérieur a estimé qu« il y aurait toujours des accidents ou des incidents de parcours ».
Mais « je ne pense pas que ce soit ces difficultés-là qui puissent porter ombrage » à la relation franco-africaine.