Certains médias le surnomment d’ores et déjà «la Grande Muraille anti-Covid».
Tenir le Covid-19 à distance, tel est l’objectif de ce grand mur qui s’érige au sud de la Chine, le long de la frontière. Ce barrage, au service de la non-propagation du virus, mesure 3.000 miles, soit près de 5.000 kilomètres.
Selon des experts, une raison autre que sanitaire se cache derrière ce projet. Pour Karin Dead, chercheuse sur les relations frontalières entre la Chine et la Birmanie à l’Université de Tallinn en Estonie, la Chine pourrait vouloir empêcher un flux de réfugiés d’entrer dans le pays. Elle ajoute que la clôture permettrait également à la Chine de faciliter ses projets d’infrastructures.
Un barrage qui gêne
Rapportée par le Wall Street Journal, cette décision entraverait déjà la circulation des habitants frontaliers, ce qui ne semble pas perturber les dirigeants chinois.
Outre les Birmans que cela dérange, dans la région, les locaux de chaque côté de la frontière s’en plaignent. Cas des agriculteurs de la province vietnamienne de Quảng Ninh qui n’ont pas pu emmener leur bétail dans leurs pâturages habituels depuis la création du mur ; le commerce aussi est stoppé net, il n’est plus possible pour les commerçants des autres pays d’approvisionner les villages chinois voisins.
Impact environnemental non négligeable
Slate souligne qu’en plus du fait que scinder un paysage en deux est néfaste pour les écosystèmes, la construction elle-même représente une pollution importante. Et Cerise sur le gâteau, les habitants chinois frontaliers seraient forcés de surveiller l’édifice nuit et jour, selon les comptes-rendus des médias locaux analysés par le Wall Street Journal. La nouvelle muraille paraissant conçue pour durer, la vie des villageois va changer à jamais.
Le projet d’empêcher l’afflux des réfugiés est un objectif de longue date pour Pékin, qui semble avoir trouvé en la pandémie une raison plausible pour l’appliquer. Comme le suggère David Brenner, chercheur et auteur d’un livre sur les frontières de la Birmanie, le Covid donne cette fois-ci une «bonne excuse» au gouvernement chinois. «Le Covid-19 pourrait être la justification officielle que la Chine donne à la construction de la zone tampon. Mais cette intention est née bien avant et continuera bien après la pandémie», déclare-t-il ainsi au Wall Street Journal.
Avec Slate