Au Mali, la rentrée scolaire est menacée par une possible grève de la part des enseignants.
Le Mali traverse en ce sens une crise éducative sans précédent. Que se passe-t-il concrètement ? Le BEN-SNEC dénonce une décision unilatérale et affirme que des agents enrôlés apparaissent à tort sur les listes des exclus, tandis que plusieurs syndicats d’enseignants ont notifié un préavis de grève de 72 heures, prévu du 8 au 10 octobre 2025. La rentrée des classes, programmée le 1er octobre, vacille.
36 151 fonctionnaires se retrouvent privés de salaire après l’audit du SIGRH, le Système intégré de gestion des ressources humaines. Parmi eux, des milliers d’enseignants. Le gouvernement parle d’agents fictifs. Les syndicats crient à l’injustice.

Le processus a permis de recenser 158 317 agents publics, dont 122 166 ont été identifiés physiquement, selon les données officielles rapportées par Malikunafoni. Les 36 151 exclus représentent une économie potentielle de 48,28 milliards de francs CFA annuels. Soit 4,57% de la masse salariale nationale, selon APAnews.
Le ministre de la Refondation de l’État, Bakary Traoré, a remis ce rapport au général Assimi Goïta le 15 août dernier. Un ultimatum de trois mois a été fixé du 8 septembre au 8 décembre 2025, tous les agents non encore enrôlés devront se soumettre à l’identification biométrique, indique Mali24.
Bref, le délai court. Et les enseignants s’impatientent.
Le BEN-SNEC maintient sa position. Maouloud Ben Kattra, son secrétaire général, avait prévenu en février : « Mon syndicat va devenir le champion de la grève », rapporte Maliactu. La prophétie se réalise.
D’autres tensions s’accumulent. L’État a supprimé ses subventions aux écoles catholiques. 138 établissements risquent la fermeture. 40 000 élèves se retrouveraient sans classe. Plus de 1 600 enseignants perdraient leur poste.
Au 30 juin 2025, le Cluster éducation recensait 2 036 écoles fermées pour des raisons sécuritaires, affectant plus de 610 800 élèves et 12 200 enseignants. L’insécurité frappe le Nord et le Centre du pays depuis des années.
Le système éducatif malien tangue de toutes parts. Entre fonctionnaires rayés des listes, établissements confessionnels menacés et zones contrôlées par les groupes armés, l’école publique sufoque.
Les parents d’élèves observent cette cacophonie avec inquiétude. Octobre approche. Les cartables restent vides, en attente d’un compromis improbable entre Bamako et ses enseignants en colère.